08 décembre 2012

"Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou"

Bohèmes.
Il y a des idées reçues. On pense XIXème, Baudelaire... et puis il y a l'entrée immédiate dans une exposition qui débute à la source. Évident mais cela ne m'avait pas sauté aux yeux de prime abord : Bohème = bohémiens. Le tsigane, la cartomancienne, les vagabonds et mendiants... c'est d'eux dont nous allons parler ! Ils inspirent déjà Léonard de Vinci et de fil en aiguille nous promènent jusqu'au XXème siècle définissant au passage peintres et poètes fameux tels Verlaine, Rimbaud ou Baudelaire érigés en figures de proue "l'artiste bohème". Les styles, supports et techniques sont hétéroclites : une peinture de Picasso pointilliste, des gravures et des huiles Renaissance ; des lithographies extraordinaires d'Otto Mueller (artiste considéré comme "dégénéré" par le IIIème Reich) et des photographies : un portrait troublant de la Goulue et son acolyte Grille d'égout !
Chacun son rythme. 
Accélération sur le début de la chronologie, LGF n'est pas une fanatique de la grande peinture académique. Delacroix ou Murillo (pas spécialement exposés d'ailleurs !) ne font pas franchement vibrer ma corde. Mais l'exception confirme la règle, lisons la suite.
On ne prend jamais trop le temps de comprendre sur le moment pourquoi telle ou telle image nous magnétise un peu plus qu'une autre. Mais il y en a toujours une. Une au moins. 
Depuis Brune je suis "appelée" par les portraits d'enfants. Me touchaient-ils pareillement jadis ? Je l'ignore. Au travers de ces visages, souvent mélancoliques, je projette Brune et ils me plaisent. Ils me plaisent davantage. Déjà à Orsay (exposition Préraphaélite/Oscar Wilde), j'avais eu ce besoin de retourner à la toile une fois la visite achevée (Mother and Child de F. Leighton). Il s'agissait d'inhaler une dernière fois les couleurs et le visage. Chose rare, j'avais même acheté une petite carte postale... vaine démarche en vue de conserver une trace convenable de ce que j'avais vu. 
Cette fois, j'ai aimé ce regard, qui ne dit rien, mais qui affronte le peintre. On en fait une lecture "lutte des classes" car cela rajoute au mélo. Les gosses des rues, ça fait pleurer dans les chaumières. LGF n'échappe pas à cette nature morte. Rien ne bouge. Les vivants sont posés sur la table comme la carpe à côté de la bouteille et pourtant la fillette, petite maman nonchalante est magnétique. Le poids du réalisme opère ; les correspondances symboliques affluent. 

Enfants tsiganes
August Von Pettenkofen, 1855.
 
L'Art, mon meilleur psychotrope. 
Doux. Apaisant. Rassasiant et follement inspirant.
J'aime bien vous parler de mon petit musée ; ça déborde un peu de partout ce foutoir d'images emmagasinée dans ma mémoire... et puis c'est encore meilleur quand on partage !

Le VoeuTheodor Von Holst
Collection Brian Sewell


Sur l'affiche de l'exposition : Rêverie, Charles Amable Lenoir, Collection particulière.