
Jon s'assit au pied du lit, saisit le cadran de sa montre de la main opposée et lâcha un léger râle. Difficile d'en faire une interprétation : à ce stade était-ce de la fatigue ? un soulagement ? ou un simple intervalle d'ennui ?
Jon s'élança en arrière, sur le lit. À présent il avait une vue inédite sur la chambre et qui présentait encore moins d'intérêt que la précédente, celle qu'il avait eu en regardant la rue. Maintenant, il était plongé dans le blanc et les moulures art déco qui cerclaient la pièce. Au centre la lumière électrique diffusée par l'opaline du plafonnier laissait dans ses yeux de grosses tâches noires cramées quand il fermait les paupières. Enfant il se plaisait à jouer ainsi avec le soleil et le soir, au moment d'éteindre sa lampe de chevet il lui arrivait souvent de se griller les pupilles, de les presser ensuite pour en faire jaillir de psychédéliques couleurs une fois dans le noir. Désœuvré, il fit un effort contre nature pour étirer son bras et atteindre la télécommande. Chose peu prévisible la télévision s'alluma sur Arte et Jon pris en cours un documentaire peu convaincant sur une tribu d'Asie du Sud pratiquant le tatouage rituel.
(à suivre)
18 octobre 2010