05 mai 2006

Misère, lunettes et cheveux gras


Léger coup de gueule dans ce blog qui prend depuis peu des airs de politiquement correct : ça va pas ça !
Voilà une semaine que je rumine l'affaire GulfStream... heu... Clearstream. On est pas à notre première grosse magouille "politiquo je ne sais pas trop quoi" (Poelvoorde in "c'est arrivé près de chez vous") et pourtant cette fois je me sens profondément écœurée. Depuis quelques années, je commence à comprendre que les hommes politiques sont relativement incapables face à la gestion de certaines crises, pourtant cette fois le scandale me touche. Sans doute car il arrive à un moment où convergent d'autres questions qui me taraudent... Par exemple sur mon métier.
Est-il normal que mes élèves passent leur temps à me dire : " Madame, pourquoi vous faites ce métier, vous gagnez le SMIG et en plus on est trop chiants ? " À vrai dire je n'avais pas trop réalisé le peu de considération que suscite mon métier. Pourquoi sommes-nous dans un pays où les choses essentielles, je dirais même fondamentales ne sont pas valorisées ? Et pourtant l'enseignement est la clé de voûte du système, puisque chargé de former l'"élite" future. Compte tenu de l'attraction du métier, qui sera notre relève ?
Franchement, imaginez un monde sans prof... certes le rêve de nos élèves !
En Allemagne un enseignant (aussi employé de l'Etat) gagne à mon niveau d'ancienneté 3000 euros pour le même nombre d'heures effectuées. Le coût de la vie en Allemagne est-il franchement plus élevé que le notre ? Non, juste qu'en Allemagne un professeur est reconnu et considéré à sa juste valeur en tant que "passeur de savoir" et l'ensemble de la société le conçoit comme tel. Chez nous, le prof (et non professeur) occupe une place subalterne, n'a pas le droit de se plaindre, doit assumer de passer aux yeux de tous pour un nanti ( avec ses 1200 euros -échelon1-), doit être content d'avoir ses vacances (sa motivation première) même s'il n'a pas un rond pour se payer l'aller-retour de sa province à son collège PEP IV du neuf trois.

À l'heure où "le point" publie son N-ième rapport sur "les abus des profs" (comme si les profs se géraient eux-même d'ailleurs), j'aimerais dire qu'il est grand temps que les Français réalisent que couper les vivres à l'éducation nationale c'est tuer la démocratie... et le laisser faire par des gens qui ont joui du système c'est encore plus odieux. Et les autres ? nos enfants ? Quel système leur laissons nous ?
Dans le collège à côté de mon lycée il pleut dans les classes. Personne ne bouge. Dans l'académie de Créteil le nombre des stages de formation ouverts aux profs sont réduits : plus de budget.
Nous sommes au XXIème siècle mais nous sommes plus cons que les paysans du Tiers Etat ! Tout le monde se gave en haut, les politiques ne pensent qu'à leurs carrières et nous on regarde. Si moi et mes collègues descendons dans la rue, la connerie humaine dira : "encore ces cons de profs, faut leur jetter des pierres, toujours à se plaindre pour rien". Évidemment...
En fait le plus sinistre c'est de penser que la grève c'est encore ce qui les arrange là haut... car je ne suis pas loin de croire que ces jours là dans les cabinets on se dit : "au moins on les paye pas quand ils sont dans la rue". Si en revendiquant les profs génèrent du bénef... alors, Léo a raison, c'est sûr : il n'y a plus rien...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je vais demander des droits d'auteur sur ce post! Comme quoi le téléphone a du bon parfois!!

la grande fille a dit…

C vrai... Tu sais que j'étais remontée, mais l'histoire de ton pote de Trèves m'a blasée définitivement.

Anonyme a dit…

Suite à la lecture de ton pamphlet, je ne peux que descendre à tes côtés dans cet espace virtuel....J'adhère avec ce que tu dis, mais il faut croire qu'à l'ère du virtuel et du "progrès" (!!) on va se voir progressivement remplacés par des cours en ligne. Prends l'exemple de cet universitaire à Lyon qui, en fac de psycho, propose ses cours en ligne avec commentaire audio afin, explique-t-il, avoir des étudiants déjà au fait et n'avoir en cours qu'à répondre aux questions diverses. C'est déjà postuler qu'ils vont s'enquérir du cours en amont, ce qui est à voir, et transférer notre statut de passeur du savoir à celui de voix désincarnée et de seul personnel à disposition de ces chères têtes pensantes afin de répondre à leurs questions et ...souhaits.... Penses-tu que cela va aider à revaloriser notre métier??? Je suis consternée...et j'en ai marre de ces gens qui me disent que je ne fais que quelques heures de cours et ai "plein de vacances". Je les invite à partager mes nuits blanches à corriger des copies et à partager mes longues journées d'été enfermée dans une pièce fraîche afin d'élaborer de nouveaux cours conformes à ces programmes en perpétuel changement...Marre des clichés!!!Il faut croire qu'à l'école on ne leur a pas bien appris à réfléchir, mais à qui la faute???

la grande fille a dit…

Munissez-vous de vos pancartes y a manif sur mon blog ! Bougez-vous et rejoignez-nous !!