09 janvier 2014

Jacinthes

En janvier, la jacinthe remplace le coquillage sur son piédestal... mais la vie du cabinet de curiosité se poursuit.

07 janvier 2014

Swatch "Années Folles"


Une collection qui a déjà fait chauffer ma carte bleue... Légèrement prévisible ! J'ai choisi une petite montre-bracelet écaille ; hummm ! un bijou Art Déco tchiiip mais qui fait de mal à personne n'est-ce pas ?
De 45 à 100€ (les skin) pour se la jouer Daisy ou Gatsby selon le genre. 

03 janvier 2014

Inukshuk (work in progress)


Photographie Nathalie Gouet
d'après Muriel Poteries.

Le « scandale » avait fini d’achever sa réputation d’homme étrange. Amaruq était beau, devait avoir dans les trente ans, était silencieux, calme. Anoki, sa femme goûtait cycliquement les senteurs des autres, butinant les nouveaux corps quand changent les  saisons. Dans la tribu, il était difficile de l’ignorer. La dernière orgie avait cependant plus profondément impressionné le derme et Anoki avait fugué suivant l’ogre, laissant Amaruq comme un veuf. Veuf dont tous avaient pitié.
Hiver dans le grand nord américain. Froid et glace ; et rien. L’ennui. En quarantaine des autres un peu de son fait, beaucoup par leur pudeur, Amaruq resta d’abord longtemps cloîtré chez lui, perdu en sa propre demeure. Rester sur place. Mon fantôme flottant se reconnectera avec moi-même. En vérité, le calvaire psychique subit par le cerveau ne cessa point et Amaruq lorsque les jours commencèrent petit à petit à rallonger finit par sortir par la grande porte sa canne à pêche, son seau et sa longue perceuse à la main. Les villageois étaient rassurés à l’idée de le voir reprendre une vie, aussi dénue de lien social fut-elle. Amaruq souriait intérieurement. L’attirail fonctionnait bien. Il ne pêcherait aucun poisson. Il aimait simplement marcher sur la banquise, partir loin, loin, au delà des inukshuks*, là où il n’y a plus rien, que le blanc et le silence. Alors, au confins du monde, il y a une place qu’Amaruq a faite sienne. Il y pose son seau qu’il retourne en guise de tabouret, perce la glace pour atteindre l’océan glacial et à travers la lucarne regarde…  
L’autre côté du miroir. Les poissons passent à toute vitesse dans le noir, brillants en robe gorge de pigeon. Certains montaient plus en haut pour saluer le monde d’un gros œil visqueux. Et puis il y avait celui-là qui revenait toutes les fois, plus argenté et dont les écailles s’ajustaient en nuances pour dessiner une tête de mort. Il ondoyait selon une danse macabre et Amaruq pris de mélancolie reconnaissait à travers lui Anoki, allongée dans les flots ou le dos cambré dans le remous. C'était étrange comme toutes les fois ils venaient se saluer l'un et l'autre, le poisson et l'homme ; l'homme et la femme ? 
Le grand blanc. Passés les premiers jours, cela faisait maintenant des mois qu'Amaruq revenait les mains vides. Pourquoi ce vide ? Sur un simple soupçon, un matin, trois gaillards filèrent Amaruq comme l'auraient fait des gars de la police. Ils furent surpris de voir combien le veuf repoussait les limites de la marche et qu'il sortait même du territoire administratif légal. Deux heures plus tard, ils le virent se pencher et regarder. Il donnait l'impression de chercher quelque chose sous la glace, mais à cette distance il fallait surtout reconnaitre qu'on n'interprétait pas grand chose à la scène. Puis Amaruq se releva et repris la route jusqu'à croiser un inukshuk étrange que les trois garçons n'avaient jamais vu. Là, il avait manifestement atteint son but. Il posa sa cane à pêche, la perceuse et le seau, puis se prosterna face au géant. Pour les espions, qui avaient le souffle coupé sans avoir compris grand chose, il était temps de rentrer.






*Empilement de pierres géométriques qui forment un géant et qui a pour but d'indiquer le chemin dans la banquise.