08 septembre 2015

Mon Oeil

J'ai connu Alain Rémond en tant que chroniqueur pour Télérama ; sa chronique était facile à trouver en dernière page du magazine. Il faisait aussi des apparitions dans feu l'émision Arrêt sur image sur France 5. J'ai toujours aimé son ton pince sans rire, parfois cocasse, caustique, potache... C'est affreusement prétentieux, mais parfois j'ai l'impression de me lire lorsque je lis du Rémond ! J'ai trouvé mon double par la pensée !
Cet été, alors que je parcourrai les étagères de la mini librairie de Carqueiranne, je tombe sur ce poche que je ne connais pas... enfin si, il y a longtemps j'ai entendu parler de cet ouvrage, mais ne l'ai point lu.
Je me lance dans la lecture. Ce recueil est JU-BI-LA-TOIRE ! Il s'agit de chroniques publiées dans Marianne. Elles remontent un peu aux calendes grecques, mais c'est justement marrant d'excaver certains fait marquants de l'ère Chirac et Sarkozy ; de retrouver Raffarin et Villepin. La plupart des chroniques ne sont cependant pas politiques. Alain Rémond raconte ses mésaventures avec beaucoup d'humilité, se moque avec humour des choses qu'il déteste... Bref, l'ensemble est très drôle. Je n'ai qu'une envie de prêter, pour partager mes fous rires intérieurs. Bonne lecture si vous me suivez.

28 août 2015

Reine des fakes

"Libérée, Délivrée, je ne mentirai plus jamais... " 
Depuis 2 mois non stop j'ai droit à toute la bande originale du film de la Reine des neiges. Comme par miracle (et exploit) j'avais réussi à préserver B. jusque là des princesses et des princes charmants Rrrhh ! Moi qui la voudrait guerrière, chevauchante (mais point Jeanne d'Arc). 
Et puis un jour je débarque au beau milieu de la cour de récré de son école et je vois toutes ses copines chanter le fameux refrain. C'est à ce moment très précis, lorsque Eloïse et Hyacinthe entamaient en coeur le "Libéréeeee" que j'ai compris à quel point sous des motifs féministo-je ne sais pas quoi je marginalisais B. 
Le soir même j'ouvre Canal Play, je prends ma môme et c'est parti la séance. Que n'allait-elle faire dans cette galère ! 
C'en est fini des histoires de mioches on s'en fout. 
Moi ce que je tiens à souligner c'est que Disney ne s'embarrasse pas avec l'histoire de l'Art. Je me plais à croire que sur le MILLIARD de spectateurs qui ont vu ce film, nous sommes une poignée à avoir focalisée sur le FAUX portrait de Jeanne d'Arc*, alors que tous les autres portraits de la galerie du château de Arendelle, eux sont des répliques de VRAIS tableaux, on reconnait Fragonnard, Bruegel ou Sargent par exemple. Une boulette pareille ne pouvait m'échapper. 
Jeanne d'Arc est un mythe en général pour la France et l'Angleterre. C'est plus la figure de la femme, de l'héroïne voire surtout de la martyre qui a prévalu dans la peinture. Hors moi, la figure mythique de la femme en peinture, de Joan Of Arc à Ophélie en passant par Lady Godiva ça me connaît. Pour le XIXème en tout cas, je suis bardée de références, voilà qui est dit ! 

Arrêt sur image, recherche Google... Choux blancs. Aucune trace de ce prétendu portrait équestre de Jeanne. Mes premières impressions se confirment. Je suis un peu déçue j'aurai bien aimé apprendre quelque chose, découvrir un artiste et le mettre sur la pile du haut de mes connaissances, mais rien. Andersen a écrit de jolies légendes moralisatrices et les studios Disney produisent des films magnifiques qui n'apprennent rien, enfin si que "l'Amour est un cadeau, eau, eau... " !

* Le scénario fait dire à Anna (voir image ci dessous) "Salut Jeanne d'Arc". 

27 août 2015

Fanchon

En dix ans je ne sais plus toujours ce dont j'ai parlé sur ce blog... mais de mémoire de poisson (ceux qui me connaissent n'y liront pas que le jeu de mot), je n'ai jamais évoqué FANCHON qui habite avec nous depuis plus d'un et quelques mois. A l'époque B. était encore plus miniature qu'aujourd'hui, elle n'articulait pas toujours bien et lorsque je lui ai fièrement demandé "alors comment tu l'appelles ce (beau et gros) poisson ?", j'entends en retour un "FAOON", "FANOAON" ?! Comme dans tous les cas graves je regarde Julien, l'homme qui a toujours un coup d'avance et en général la solution la plus rationnelle. Mais là, cas très grave, il sèche. J'en appelle alors à tous mes neurones et déclare après quelques instants solennels que ce poisson sera "FANCHON", prénom, disons pseudonyme (pour Françoise) le plus approchant du vagissement de B.
Fanchon, te voilà baptisée et puis moi j'aime bien l'idée que tu sois une fille, à trois ma bêbète on va se serrer les coudes et penser tous les jours à George Sand.
Mine de rien Fanchon a beaucoup grandi. Notre étalon c'est sa queue... Oui je sais c'est limite à écrire, mais c'est quand même le meilleur indice ! Et sa queue justement elle est devenue super longue (là s'arrêtent les histoires de queues).
Bref, Fanchon est une amie de la famille ! Aux grandes vacances elle part avec nous, elle a son grand Tupperware dédié : elle EST aux p'tits soins.
Au début quand je la voyais tourner en rond dans son bocal sous dimensionné (faut être honnête), je me sentais un rien criminelle et Romain (mon ami, je précise) d'en remettre une couche "pauvre Fanchon dans son pipi et son caca". Je me suis sentie comme dans les films comiques ou l'image s'arrête, la voix off (en général) démarre : "Purée c'est vrai, c'est carrément la honte d'acheter un poisson". Et puis Oh Âme Sauveuse ! Hélène, ma belle-soeur (Everest de connaissances en tout genre) me dit : "un poisson a une mémoire de quinze secondes". Là, re arrêt sur image mais sans la voix off juste une immense expiration. Soulagement. Tout mon système de pensée-poisson s'écroulait pour se rebâtir en POSITIF ! Il suffisait a Fanchon de faire quatre tours de piste pour de nouveau découvrir son aquarium : magnifique !
Mais en plus mon poisson est intelligent. Il s'agite comme un malade quand il me voit. Au début aquariophile niveau zéro que j'étais, je le sur-nourrissais (on ne rit pas c'est un cas classique), puis peu à peu j'ai finis par admettre sa reconnaissance. Prenons hier ; Fanchon gigote, respire sans arrêt en surface. "Pauvre bête expiante" me dis-je ; et de repenser à mon ami Romain je lui change son eau cependant propre. Assez propre. Et bien je vous le donne en mille, dans une eau limpide Franchon continuait ses fanchonnades !
Désormais c'est prouvé les poissons reconnaissent aussi bien leur maître que les chiens ! Animalis ne me verse aucune commission (je parle d'argent), mais entre chien et loup, euh, chien et poisson, le choix est vite fait. Si si écoutez moi : FERMEZ les yeux. Vous êtes en plein hiver. Un mois de février glacial, Paris, ses trottoirs mouillés... Vous êtes avec votre chien un sac à la main, le petit sachet noir, le petit sac à merde... Et là si vous êtes normal vos YEUX s'ouvrent NON ! Impossible, vision de clash.*
Alors que moi avec ma Fanchonnette, chuis pépère !

* La prochaine fois, si toutefois vous n'êtes pas convaincus, je vous mettrais en situation dans un appart de 50m2 avec un chien...

26 août 2015

Colophon et compagnie

Cet été (et ce post fait suite au précédent sur ma passion pour l'écriture), la maman de Julien me fait part de son tout dernier travail de gravure. Marie-Do, elle s'appelle comme ça, fait de la gravure depuis maintenant des années. Elle fait partie d'un club d'artistes-amateurs, mais elle, elle a vraiment du style. Elle est en permanente recherche de matières ou textures. Elle travaille beaucoup le noir et blanc, mais la couleur s'invite dans ses oeuvres de temps en temps. Je suis absolument fan, elle est très talentueuse (mais l'ignore comme tous les vrais Artistes) et je le dis dans la plus grande objectivité puisqu'elle méconnait l'existence de mon blog. Cet été disais-je, elle me raconte qu'elle a du mal à commenter son travail, même à finir sa mise en forme. Habituellement c'est Patrick, le papa de Julien qui se fend d'une citation glanée ici ou là, qu'est-ce qu'il en a lu des livres ! Mais je comprends assez vite qu'il rechigne un peu à la tâche (Patrick si vous tombez sur cet article sachez que je ne vous veux AUCUN mal !) et qu'il n'a guère envie de sortir de ses lectures pour se mettre à écrire lui, un COLOPHON ! Un colophon c'est la note finale d'un manuscrit ou d'un livre imprimé (j'en sais quelque chose depuis mon passage à la Mazarine qui renferme tant d'incunables colophonés). Le colophon n'est donc ni un terme médical scato-scabreux ni un instrument de musique !
Alors, revenons au sujet : MOI ! Heureusement comme dans un film de Disney LGF est là ! Je propose à Marie-Do de lui écrire des textes. Désormais c'est moi qui me coltinerai le colophon !
Je m'y mets immédiatement, j'écris vite, ça me plait et en quelques dizaines de minutes l'affaire est pliée et Marie-Do est emballée. Ah ! c'que ça fait du bien ! J'aime tellement écrire à la commande, presque sous la contrainte, poser des questions pour saisir l'idée, capter ce que l'on attend de moi et puis restituer les choses le mieux possible.
Alors voilà le fruit d'une toute petite collaboration, toute riquiqui.
Chaque gravure s'inscrit dans une série. Je n'ai choisi qu'une oeuvre par série à une exception près. Je déplore la déformation des textures et couleurs, Internet a quand même quelques défauts ! Je précise aussi que la mise en forme de cet article supporte mieux la version Blogger sur ordi. Sur mon iphone c'est la cata complète. Là encore Internet...

Quatre impressions, contraste noir/blanc, textures et matières prises dans le quotidien transcendées par le papier, la presse et le désir ardent de toujours travailler la forme avec une immense rigueur, celle des lignes croisées entre-croisées, brisées.

Lino gravure et couleur.
Une plus une égale des empreintes de bois ; et puis il suffit de rajouter une troisième couleur pour que tout change. La plaque reste pourtant la même, cependant le motif devient autre : fils, écheveaux, Wax africain. Quel que soit l'encrage osons dire qu'il y a de l'Art premier dans ces compositions ultra occidentales. 
Cette série s'inscrit dans le cadre d'une recherche permanente de l'Artiste autour des matières et des couleurs. 

Carborundum 

La chaleur,
Le froid,
Et ce petit bout de bois qui me protège. 
Contrastes, contraires, 
Vertiges et horizons de lignes.
Sable collé, pressé, saigné par la main de l'artiste. 
Noir profond, gris ou rouge dilué, 
Voici le doux destin du volet volé
Par l'homme et la matière transformée.

 
          Fin le sable, doux le sable que l'artiste manipule, colle et presse. 
Une force poétique et symbolique éMERge d'un matériaux positif qui se mue par la magie de l'Art, en texture maléfique. 
Il se fait fond marin, sombre et angoissant ; ondulent d'épouvantables naïades, guettent les murènes effrayantes. 
C'est l'enfer d'un abîme rouge-diable, c'est l'enfer sous-marin.

Et puis une toute dernière peut-être un peu moins sérieuse. La base est le dessin de l'une de ces petites filles. 

          Il y a la maman, le papa et puis l'enfant. C'est une famille mais c'est surtout l'enfant qui, joyeux entraîne une farandole que l'accordéon accompagne à grands coups de soufflets. Le motif se répète tout en couleur et se calque sur celui de la musique. La pointe et le Plexiglas donnent naissance à une frise un peu volée à la fillette, petite inspiratrice de ce concept artistique et familial.

25 août 2015

10 ans

Mon blog a 10 ans ce mois ci.
Merci à mes lecteurs, à mes fidèles lecteurs.
Quand j'ai commencé ce blog je ne savais pas du tout où j'allais. Et puis grâce à lui j'ai compris qu'écrire était une évidence pour moi. Tapoter sur le clavier ou griffonner dans un moleskine doit me faire sécréter de la mélatonine ou un truc dans le genre, l'endorphine ! Je rigole à peine.
Je me souviens de deux articles tout particulièrement qui m'ont fait suer sang et eau dans un plaisir incommensurable. Il s'agissait des critiques des films Crazy et Marie-Antoinette. Le premier que j'avais adoré, le second détesté. Dans le premier cas j'avais envie de traduire toutes les émotions que j'avais ressenti, très difficile ; dans le second je voulais être "solide" et convaincante car on ne dit pas "un film est nul" à la légère.
Si j'y tiens à ce blog ? Enormément. Dix ans quand même, il y en a des choses consignées là dedans ! Et c'est pas fini ! Mais ça dépend tellement de plein de choses, de l'humeur, de l'imagination. Et parfois tout ça est un peu en panne. Les choses anecdotiques sont faciles à écrire, les nouvelles c'est autre chose, il faut attendre, attendre être patient et un jour ça devient évident, je pars à 200 km/heure.
Pardonnez-moi, pas de champagne à boire sur Internet, mais 10 ans ça mériterait un délicat millésimé !

24 août 2015

Série-moi fort


C'est fou ! je me souviens de mon ami Mathieu... on était quoi dans les années 2006-2007... il ne jurait que par les séries. Moi, j'écoutais d'une oreille distraite à la limite du "cause toujours mon pote". On parlait alors des Sopranos, et d'une série "Lost" ? Ca existe ça ?  Voyez mon niveau de méconnaissance !
Puis plus tard, bien plus tard j'ai fini par moi aussi m'accrocher à ce genre nouveau (tu parles Charles !), nouveau pour moi. Il y a eu la série amusante, le baptême* avec le genre Kaboul kitchen, puis House of cards, Hannibal, Utopia, The affair, Lilyhamer, Half and catch fire (mon petit sucre d'orge) et beaucoup d'autres tentatives avortées avec Les revenants, The Americans, GomorraGirls, Silicon Valley... Et puis débarque TRUE DETECTIVE ! Pour plagier mes deux expressions préférées du moment : UN TRUC de FOU, une série tellement WHAOU ! Et là je suis sensée avoir tout dit !
Plus sérieusement. La première saison est splendide, avec une esthétique qui rappelle celle d'Hannibal, un duo de comédiens (terme plus juste qu'acteur) parfait. Selon moi le jeu de Rust Cohle va plus loin que celui de Martin Hart. La métamorphose physique y contribue, mais son texte surtout riche de sagesse ajoute au mystère du personnage. On est dans un non dit à la Drive, Martin observe (avec un jeu de mimiques un peu systématiques) son partenaire, essaie d'en percevoir les contours mais n'y comprend rien. Seule Maggie Hart, une femme donc, perce légèrement le mystère de ce Cohle au passé, au présent et au futur sulfureux ! Formidable !
Eté 2015 arrive la deuxième saison avec son beau casting. On attend la grosse déception : deux coups de maîtres successifs on a jamais vu ça ! Et pourtant. L'astuce réside dans le fait de repartir à zéro, de changer les règles de fond en comble. Le duo éclate au profite d'un quatuor (qui vire fissa au trio), on est immédiatement dans l'action, les personnages foisonnent. On a du mal à s'accrocher et puis de fil en aiguille Ray et Ani gagnent les coeurs ! Les derniers épisodes sont grandioses, bravo au chef op', à sa lumière lynchienne-renouvellée, aux ambiances qui ne s'oublient pas celles des diners, des bordels, des motels...
Obsédant voilà le terme. Les séries réussies sont obsédantes on aimerait qu'elles ne se terminent jamais, que les personnages soient vrais. Velcoro, Bezzerides, vous êtes là, dans un coin de ma tête tous les jours, tout le temps. Quel travail que le deuil d'une saison ! Je ne suis pas l'actu des séries, j'ignore si une troisième saison est prévue, c'est étrange mais le cas échéant je la rejette un peu par avance, de même que je rejetais la saison 2 avant qu'elle ne soit diffusée. J'ai tellement le sentiment de perdre les personnages... et tellement pas envie  de l'avoir ce sentiment.
La série a un effet "doudou" c'est fascinant et ça les Américains l'ont compris il y a déjà un bon bout de temps !


* Je tiens à corriger, Sex and the city a été ma première expérience-série. 

27 juillet 2015

Brut de collage #2

À la manière de Linder ou Dorothy Peach.

Brut de collage #1

La tour Biret


À deux pas de la maison des Pervenches, se trouve aujourd'hui un pauvre restaurant, de ceux pour lesquels il faudrait nous payer (et fort cher) pour y rentrer.
Plat du jour neuf euros cinquante, menu onze : tout est dit ! 
Nous sommes à Fontenay-aux-Roses, là où "je calme mes nerfs" (J-K Huysmans) depuis le dix du mois de juillet. Ce restaurant LE BIRET attire immédiatement l'attention. C'est une grande tour, presque une cheminée surplombée d'un belvédère. À première vue elle fait penser à un Château d'Eau doté plate forme octogonale crénelée. 
D'un naturel curieux et passionné par l'histoire des lieux, je tape sur Internet "TOUR BIRET". De jolies cartes postales 1900 jaillissent sur mon écran et je découvre une tour superbe, de nombreux promeneurs autour. Mais que c'est il passé bon sens pour qu'un lieu magnifique se transforme un restau-route désert. 
Mon entretien avec David Descatoire (directeur des archives de Fontenay) à été déterminante. De lui je tiens désormais que cette tour a été construite pour l'exposition universelle de 1900, qu'un certain Monsieur Biret s'en est alors entiché. Il la fit démonter, transporter depuis Paris pour la transformer en guinguette. Hélas au fil du temps ce lieu bien fréquenté est tombé en rade. Tout de bois construitent la guinguette et la tour se sont vite décaties, seul le bâti sans âme est resté. 
Les cartes postales de la Belle Époque sont de véritables publicités ; on vante le panorama extraordinaire et la montée au sommet de la tour qui offre(irait) un panorama exceptionnel sur Paris d'un côté et la mer de l'autre ! 

Ah ! Fontenay et ses mystères ! Je quitte avant Huysmans cette jolie commune, j'ignore quel souvenir il a gardé de son séjour au 3 rue des écoles, mais moi je sens déjà que j'en conserverai un souvenir heureux, paisible et ému, ce que je considère comme ma plus grande chance : je ne suis abîmée de rien : J'AI GARDÉ MA TOUTE MA MÉLANCOLIE !

NB : il est amusant cliquer sur l'image pour lire le texte très vendeur !

24 juillet 2015

1881 vs 2015

15 juillet 1881 contre 10 juillet 2015.
Joris-Karl Huysmans contre Emmanuelle Reineri-Boulay. 
HUYSMANS ! BON SANG HUYMANS ! L'homme qui a tout changé (bon y avait eu Sartre, Camus et Freud un peu avant !) de mon rapport à la littérature (et c'est d'Ormesson qui est à La Pléiade hein ?) et à la peinture. 
L'homme rejeté de tous, naturalistes avec Zola en tête (qu'il se les garde ses soirées de Médan, j'ai pas dis mes deux !). LE Michel Houellebecq d'hier (comparaison rieuse), celui qui a cherché dans la religion une solution à ses compulsions érotiques, près un génie : UN MALADE MENTAL !

134 ans me séparaient de l'écrivain qui s'isolait donc en 1881 à Fontenay-aux-Roses afin de soigner ses nerfs (expression si désuète, une jolie litote). 
J'ai refais aujourd'hui le parcours, et pris connaissance des lieux qui ont marqués l'auteur ici à Fontenay et qui l'on grandement influencé lors de la création de son Chef d'œuvre À rebours. J'ai longuement discuté avec l'archiviste de la ville avec qui j'ai réellement pu échanger, il en savait long sur le sujet, un vrai passionné et nous avons partagé un bon moment, ensemble à se revivre le passé. Près de son bureau demeurait même une tomette (!) de la maison provinciale où vivait Huysmans, excavée en 1955 lors de la construction de l'immeuble minable qui se situe aujourd'hui là où séjourna Huysmans. Ces tomettes ! À plusieurs reprises évoquées dans À rebours, carrées ou rondes selon les pièces de la propriété de Jean des Esseintes. 
Internet, mais surtout l'article fascinant de Germaine Mailhé, publié dans le Bulletin de la société Huysmans en 1965, m'ont permis de conclure à regret (et non à rebours !) que la demeure de des Esseintes n'est que pure fiction ! D'après Germaine Mailhé c'est surtout le 3 de la rue Jean Jaurès (rue des écoles en 1881), lieu de résidence de l'auteur qui servi de patron au roman. Le parc notamment, devenu presque forêt vierge comme dans le texte, les ferronneries et surtout la perspective, le panorama au delà des cimes. Seuls les détails topographiques viennent brouiller les pistes : des Esseintes habite le coteau et non le village (peuplé alors de deux mille personnes). Une métaphore géographique sublime pour qualifier l'homme qui se place au dessus de l'humanité et entend vivre dans l'isolement total !
Huysmans quitte probablement Fontenay le 26 septembre 1881... Voilà une coïncidence qu'il ne me plairait guère de partager même si moi aussi je suis sur le coteau !

23 juillet 2015

La p'tite robe corail

Hier matin, à l'heure du petit déjeuner j'aperçois Marie-Françoise : "Coucou ! Bien dormi ?". Marie-Françoise est une mamie avec tout l'attirail de la mamie : la gueule, les fringues, TOUT.
Moi, je porte ma robe Monoprix 2014 ; suis le commentaire suivant : "ta robe ressemble à un bonbon." Moi, interloquée : "un bonbon ?", puis je pouffe affectueusement à son nez... Puis elle rajoute "mais oui, à un bonbon Ricola" comme une évidence ! Depuis je me figure des bonbons Ricola dans tous les sens, de toutes formes et couleurs mais je ne comprends toujours pas le rapport avec ma robe.
Ces petits échanges sont géniaux ; ils te rappellent, de un que tu es dans une clinique psychiatrique et que de deux toi, tu es carrément normal !

22 juillet 2015

Frapper fort #4

Le premier jour de l'an tout le monde se souhaite la Bonne Année et aussi vite la Bonne Santé.
Élémentaire mon cher Watson !
Sans la santé RIEN d'envisageable pas même, à l'extrême la possibilité de mettre un pied devant l'autre.
J'ai perdu la mienne -de santé, à peu de reprises en plus de trente années d'existence, mais cet été là, j'ai mis toutes les chances (malchances) de mon côté pour perdre pied aux deux sens du terme. J'ai alors réalisé que lorsque l'on ne tiens plus debout, que ses petites pattes lâchent on tombe fort et que ça fait mal, très mal. Je me suis sentie perdue chute apres chute dans le cabinet de toilette de l'hôpital et me suis fendue comme une pastèque bien mûre qui tombe. Quelques points de suture ont réglé l'affaire et les hématomes ont bien vite disparus.
J'ai partagé avec Julien une réflexion existentielle : tomber (et je rajoute si bas) ça laisse des traces ; ça fait un peu comme si on était tout en bas d'un graphique fait d'oscillations qu'il fallait espérer plutôt douces.
Une cicatrice a dit Julien fait prise de conscience. Lui même, il y a quelques années disons en 2007 a chancelé de tout son poids. Son corps était à bout. À bout de quoi peu importe, mais cela donne raison au proverbe chinois : on se relève toujours plus fort quoique légèrement balafré.
Depuis trois semaines maintenant je porte moi aussi une nouvelle cicatrice, toute proche d'ailleurs de celle de Julien, presque au même endroit. Je sais qu'elle est porteuse de sens et de changement. Elle me rappellera à jamais l'ambulance, l'hôpital puis le long passage à la clinique où je demeure encore.
Moi qui ne croit en rien je veux croire aux signes.
MERCI Julien. MERCIS, tant de MERCIS.

Lecture du mois de juillet

J'avais étudié un court extrait de ce livre en 5ème ou 4ème ; ça m'a beaucoup marqué. je l'ai retrouvé dans la bibliothèque de la villa de Fontenay-aux Roses. Un délice.
Un style admirable et une narration qui va de soit. Je ne lâche plus le livre depuis sa redécouverte. cela retrace les années Tati et décris une sorte de Tativille : l'usine, le prolétariat, le tout sûr fond de guerre d'Algérie. Compulsive notoire, je vais donc sérieusement me pencher sur le cas Claire Etcherelli. Il va falloir aussi que je visionne le film ou Marie-Josée Nat incarne la fameuse Elise... dur dur à trouver je suppose mais dans une médiathèque ici ou là je finirai bien par y parvenir.
Bonne lecture à vous aussi si vous me suivez !
J'enchaîne sur Aimez-vous Brahms, un tout autre style, mais bon, moi je lis du Sagan pour cette incroyable et fascinante Françoise Sagan.

20 juillet 2015

Air mail

J'aime écrire même pour rien ; c'est plaisant de voir se dérouler les lettres, s'imprimer l'encre. Ce que j'aime par dessus tout c'est que mon écriture s'enfonce fort dans le papier et laisse quand on caresse le texte comme un message codé en braille. Le mieux c'est lorsqu'on le fait sur la page à revers. Je raffole de cette sensation simple, pure et gratuite. Quand je passe ma main sur le verso je retire une grande satisfaction, une légère jouissance, une douceur inversement proportionnelle aux propos souvent sombres et rugueux que j'emploie.
À ce titre j'ai toujours adoré ce vieux papier-avion (qui ne doit plus guère exister depuis l'email), qui était si fin, presque transparent et sur lequel on ressentait davantage encore les tracés de la bille meurtrissant la feuille.
Mon blog est le prolongement de toute cela, mais le stylo et le Moleskine restent ; c'est souvent avec eux que je prépare mes brouillons, à l'ancienne.

16 juillet 2015

Maudit sois-tu carilloneur



Elle était originale cette demeure. Sise en la paisible commune de Fontenay-aux-roses elle avait appartenu jadis à un riche industriel ayant fait fortune malgré la crise dans la métallurgie. On devait se situer au milieu des années trente.
Il y avait cette toiture digne d'une chaumière de sorcier ; ses petits chiens assis, sa loggia triangulaire du deuxième. Le tout ressemblait à l’œuvre d'un architecte libre de toute créativité sans déroger aux goûts de l'époque.
Un damier de briques rouges et blanches décorait harmonieusement la façade du premier étage ; presque de plain pied se tenait la terrasse, vaste et carrelée de cassons noirs et terre de Sienne. Devant, s'étendait le parc agréablement végété d'if alignés, de cèdres et de chênes. Seule une vilaine plaque d'égout dénaturait les confins de ce parfait jardin. Une gloriette abandonnée rappelait celle des amoureux de Peynet, en plus sombre et envahie par les lianes. Six cheminées de briques travaillées élançait la bâtisse qui prenait ainsi des airs de petit château francilien.
L'intérieur non moins modeste avait conservé l'esprit "trente" avec sa rotonde, ses vitraux martelés sa fontaine à trois bassins et ses ferronneries Art Déco.
Il était facile d'imaginer dans cet environnement une vie heureuse et douce, une famille vivant heureusement et de nombreux enfants.
L'histoire de la maison de la rue des moulins restait opaque. Rien n'avait perlé, ni dans les livres, et rien n'était arrivé jusqu'à Internet. Dans les années 50 le logis s'était transformé en clinique psychiatrique voilà tout. Les "fous" avaient aussi droit à un peu de beauté (qu'ils ne considéraient pas toujours).
Je faisais partie des locataires. A l'inverse de beaucoup je frétillais à l'idée de laisser glisser ma main sur la rambarde en fer forgé de l'escalier Art Déco. L'eau ne coulait plus dans la petite fontaine en granito mais il était déjà réjouissant de la sentir ici.
Cet été là était très chaud. Les météorologues annonçaient la canicule et les thermomètres montaient dès la mi journée jusqu'à trente sept degrés Celsius. Un temps à rendre fou.
La pelouse avait déjà brulé depuis longtemps, les stores restaient baissés. Nous restions confinés dans cet espèce de familistère, libres et surveillés à la fois : un comprimé le matin, un autre le midi et les doses finales entre dix-sept heures et vingt et une heure le soir.
"Bonjour Irène". ; "bonjour, tu vas bien ? bien dormi ? allez, bon appétit !".
Il y avait aussi les choses moins plaisantes comme "Monsieur chambre deux cent deux", vieillard famélique planté vingt quatre heures sur vingt quatre devant le poste de soins sans en attendre rien, la couche pleine.
Il y avait Bruno et son physique "Denis Lavant", c'était lui le matin qui lapait son café tandis que tous nous baissions les yeux. Il fumait la pipe ; moment de répit. La bouche pleine les paroles inaudibles et dégueulées n' en sortaient plus. Pauvre diable.
Tous semblaient à l'abri d'un coup de folie. Les médecins veillaient dur. Le jour du quatorze juillet nous avons tous bénéficié d'un spectacle sublime. Nous sommes tous redevenus (ou restés) des enfants devant ces feux follets.
Martha, sourde et muette applaudissait, émerveillée ; Bruno dansait en volutes barbare et moi je pensais à mon fils mort deux ans plus tôt.  Est-ce qu'il les voyait lui aussi les lumières ? Ce soir là je l'ai cru et j'ai pleuré.
Le temps passait et j'oubliais son petit visage. Celui figé sur les photographies n'inspirait pas la vie et sa voix ne disait plus "Maman ? j'ai un secret à te dire, mais à l'oreille". Il fallait renoncer aux pourquoi et à chercher des explications. Cold facts comme disent les anglais. On devait s'y tenir.
La fenêtre de ma chambre donnait sur le parc. C'est là que les familles se rencontraient. Souvent des petits enfants venaient saluer leurs aïeux dans un regain de devoir moral les parents les y emmenaient. Un petit garçon était venu avec sa trottinette ils roulait gaiement dans les allées. "Maman ? Maman?" qu'il disait je m'en souviens et à chaque fois je me levais d'un bon de mon lit persuadée qu'il s'agissait du mien, de mon petit. Je collais l’œil à la vitre et passait mon oreille au travers de la minuscule embrasure. Dix centimètres : impossible de se défenestrer.
Le quinze au matin rien n'avait changé du climat. À huit heures trente nous avons pris notre petit déjeuner en salle commune comme à l'habitude. "Tout le monde a été servi ?" qu'elle demandait l'aide soignante. Oui.
Pourtant il était manifeste que deux personnes manquaient à l'appel : Irène, soixante quinze ans, mémée type tout à l'ancienne et Sébastien, trentenaire à l’œil hagard dont la manie était se s'habiller alternativement en costume ou en tenue de sport tout au long de la journée. Après un long quart d'heure Annabella qui gérait la salle à manger faisait le constat des absents. Toute la clinique, employés comme malades se mirent en quête des deux déserteurs. Chambres vides. Parc désert.
Puis à dix-huit heures le gros Lulu remarqua que la plaque d'égout avait été manipulée, qu'elle n'était plus tout à fait à sa place.
Un appel général fut lancé, le gros Lulu muni d'une lourde gaffe réussi à relever le cercle de fonte sécurisant le regard du conduit. À la stupéfaction de tous le corps nu d'Irène avait été jeté comme un sac au fond du puit. Sa peau tuméfiée se mêlait de terre crasse. Plusieurs patients s'effondrairent plein de miséricorde. D'autres ballottait leurs mains en signe de croix et moi lâchement je quittais la scène dans l'unique soucis de protéger mon cerveau déjà entamé.
La police et les pompiers débarquèrent dans de brefs délais et mirent en place les "protocoles" ; leur routine à eux.
Ce n'est que bien plus tard encore de Sébastien fut découvert pendu sous la gloriette. Il portait son beau costume noir et les souliers vernis qui claquait le travertin. Un jour de permission il lui avait été facile de trouver la corde puis de la cacher aux infirmiers.
Sébastien et ses allures de grand gosse. Son geste n'était pas honorable mais il avait sans doute jugé qu'en massacrant la vieille il réunissait un coup, qu'il deviendrait Lui, existerait enfin quitte à être assassin. Il tenait la clé enfin, celle qui le libérait de cette clinique carcérale. On ne lui donnait pas le droit d'en sortir alors il se révoltait de tout faisait glisser la corde, vérifiait le noeud. L'échalas valsait encore quand on le trouva. Ses va et vient faisant tinter la clochette d'une gloriette qui bientôt allait être détruite.

15 juillet 2015

Raiponce à Andersen


Andersen est sympa avec ses nymphettes blondes aux cheveux impeccables mais même entre les mains d'une coiffeuse Carita les femmes ont franchement du mal à trouver leur "prince charmant".
Suffit de se connecter sur la toile pour voir à quel point elles et Eux, les hommes se donnent du mal pour se rencontrer, convoler, se renifler, se fusionner.
ADOPTE UN MEC point com.
Diable de sort !

14 juillet 2015

Rien ne bouge


Marco regardait le visage de Lucille. Elle et lui des illégitimes ces gens qui s'embrassent sur les bancs dans les parcs, dans la rue sur les trottoirs ; ces couples qui ont la cinquantaine, l'âge où on ne s'empoigne plus à pleine bouche aux yeux de tous.
Illégaux. Amants. Adultères.
Derrière ces mots assez passables il y avait néanmoins des sentiments, peut-être même de l'amour.

Marco était de ces hommes forts et puissants, intrigant fonctionnaire. Haut fonctionnaire. De ceux la même qu'on nomme les huiles.
Naturellement impeccable sous tout rapport, somptuaire et moral ; facile en discution.
Fabriqué à l'école des fonctionnaires, n'en reniant rien ; faisant juste quelques critiques utiles, disons celles convenues par tous. Utiles pour se rendre sociable. Marco travaillait pour le ministère de l'Éducation Nationale, une place dans un beau cabinet. Bon élève il était monté comme on dit banalement dans l'ascenseur social et ne c'était pas trompé d'étage. Il en vénérait de fait le système et s'adonnait tout entier à son métier.

Catherine.
Catherine était son épouse au sens officiel de la chose car une épouse doit devenir une mère ; suffisait d'en référer au livret de famille. Catherine servait elle aussi mais à un échelon bien inférieur l'Education Nationale. Elle occupait un poste dans un lycée professionnel. Elle enseignait les lettres et l'histoire-géographie. Marco et elle partageait la même passion surtout pour la géo.
Catherine était génétiquement privée de l'aisance de son mari : Marco parlait, Catherine répétait, approuvait avec certitude.
La vie allait ainsi.

L'un et l'autre étaient littéralement dénués de sex appeal. Lui, grand mais dégarni, laissant filtrer son stress à coup de petites plaintes stridentes à peine retenues. Et puis il y avait cet index qu'il triturait par alternance entre ses incisives.
Elle portait des tenues sportswear de bon rapport qualité-prix - certaines marques ont fait beaucoup de mal au corps professoral. Sa peau de blonde manquait cruellement d'hydratation autant que sa teinture blond clair uniforme manquait de retouches aux racines. Et fallait- il parler des dents ?

De l'argent il y en avait. Bien assez en tout cas pour les voyages au bout du monde de Bali à Vancouver. Leur demeure, une maison de maître cossue qui se situait dans le Nord de la France.
La vie allait ainsi.
Et pourtant elle n'allait pas. La preuve en était Lucille, cette inspectrice académique un peu vieille fille qui avait su détourner Marco du regard de Catherine et l'attraper malgré ses airs de godiche par le sexe.
Lucille s'était la vie en cachette, les promenades à Paris, le pont des Arts et toutes ces cochonneries dans les hôtels juste convenables du quartier latin.
Marco s'envoyait en l'air ; Lucille s'envoyait en l'air et tous les deux s'envoyaient bien loin d'un quotidien très quotidien. Le plaisir, la liberté (fausse) gouvernait cette idylle. Est-ce que c'était plus ou moins que cela ?
Ils découvraient ensemble la capitale, les déjeuners au Procope, le passage de la rue Dauphiné et tout ce que Paris réserve aux amoureux. Catherine, le Nord c'étaient loin.

Aux yeux de Marco tout était logique. Il s'octroyait dans le plaisir sa petite vengeance. Après tout la déliquescente Catherine ne lui avait pas donné ses petits  ; à l'occidentale il la repudiait.

La géographie avait ses limites : croquis, couleurs, flèches, composition coeff trois et puis quoi encore ? Le dernier modèle de Saskia sur les villes globales ? La géographie ça donne faim. On s'ennuie tellement. Marco lui il voulait tout engloutir : de la bouche de Lucille à son derrière plutôt bien fait, il en bavait pour venir à bout de cette péppée enfoulardée.

Et elle Lucille ?
Comment pouvait on tomber sous le charme de cet homme, Marco, sinon parce qu'il incarnait la puissance ? Elle mangeait le pain noir, qui n'était d'ailleurs pas dégoûtant.
Tout le monde utilisait tout le monde -ou presque.
Marco utilisait Lucille qui lui asticotait bien les parties fines. Elle en tirerait bien bénéfice quand son N+1 giclerait.
Catherine semblait en reste mais c'était au fond elle qui cachait le mieux son jeu. Passive elle n'en restait pas moins voyeuse. Dans sa salle de classe ultra testéronée elle se réjouissait de tous ces pénis dirigés involontairement vers elle. Ils avaient de beaux sexes, jeunes, fermes, bien faits. Elle aimait le grand Kurde, ses yeux vert d'eau et ses rêves de football. Certains s'éternisaient un peu pernicieusement à son bureau après la sonnerie. Elle les aimaient ses petits tout en sachant que ces nuées masculines autour d'elle ne cherchaient qu'un mot doux sur un bulletin.

Tous trois avaient leurs plaisirs et leurs vices ; et cela ne changeait rien à rien. Tout le monde savait tout et rien n'était troublé pour autant. Ceux qui avaient croisé Marco et Lucille main dans la main avaient gardé le silence. Chacun avait son point de vue du plus au moins tolérant mais le plus important c'est que rien ne changeait rien. Marco est resté avec Catherine. Marco fréquente peut-être encore Lucille, en tout cas elle a été promue.

23 juin 2015

Fin d'année scolaire

Voilà longtemps que je n'avais pas ressenti ce spleen.
Et puis ce matin je me sens toute vide et triste. Je pense à Brune qui termine sa première année d'école maternelle. Dans quelques semaines elle pourra dire "j'ai quatre ans !".
L'enfance qui avance et puis qui part me rend mélancolique. Dans quelques semaines je ne pourrai plus la prendre dans mes bras. C'est si bon pourtant de la sentir, sa petite peau ferme et douce ; inspirer son souffle jamais corrompu. Le temps file à toute vitesse et vais regretter tant de moments. Peut-être même qu'un jour, trop vieille je les oublierai.
Elle est si jolie pourquoi faut-il qu'elle se transforme ?
Les souvenirs sont sublimes. Ils me procurent de la joie, mais sont emplis de tristesse car finis. Les moments de bonheurs sont rares et en plus évanescents.
Je veux jusqu'au bout la serrer contre mon coeur.

Brune avant ses 2 ans.

25 mars 2015

Cadavres pas exquis


Il y a des photos chic et des photos choc.
Il y a cent ans, l'Empire ottoman décidait l'élimination de sa population arménienne. Un massacre planifié et systématique oublié jusqu'au milieu des années 80 et toujours nié par l'Etat turc... 
L'horreur et l'injustice semble encore plus grande lorsqu'elle touche aux enfants, mais tous étaient innocents. C'était en 1915... ce que l'histoire peut se répéter, hélas. 

10 février 2015

7 jours du départ


De quoi faire passer une escale et un long, long courrier jusqu'à la cité des anges.

08 février 2015

Le changement c'est maintenant !

Seule petite vignette souvenir de mon ancien modèle de blog qui trainait encore sur Google il y a quelques heures. Un gros dépoussiérage s'imposait. On reste dans le style Art Déco... changeons tout de même en douceur. 

04 février 2015

... Et puis replonger aussitôt

David Hockney 1972
Affiche pour les jeux olympiques de Munich.
Après entretien (positif) et confirmation que j'étais prise à coup de "nous sommes heureuses de vous confirmer que nous vous acceptons dans le service pour travailler avec nous sur de nouveaux projets de développement des publics" : pschitt !
Suit dix jours plus tard un mail qui commence par "Malheureusement, ...".
Je reste étonnée du sens de la manoeuvre : valider un entretien puis vérifier la capacité d'embauche qui s'avère nulle. 

01 février 2015

Renaissance Nouvelle

Merci Annie, merci Joan, qui un jour a envoyé cet article à Olivier...
Peinture de Jean-george Cornelius, la femme nuage. 

29 janvier 2015

Rebelle

Elle est rousse.
Elle a des cheveux frisés.
Elle ne cherche pas de prince charmant et ne le trouve pas.
Son cheval a des pattes aussi grosses qu'un tronc d'arbre poilu.
Elle est pense, elle est rebelle.
Pour une fois voici une princesse qui rend honneur à notre sexe !
Vive Mérida, l'anti modèle-princesse.

15 décembre 2014

Les belles Nanas de Niki

Une exposition incontournable !
Tellement graphique, tellement coloré, tellement grandes les "nanas". Tout est réussi dans cette rétrospective, la scénographie, les docs vidéos... tout !

10 octobre 2014

La Belle et la Bête

Musée Jacquemart-André

11 septembre 2014

Vivre autrement

Et à tant m'étonner je ne m'étonnais plus vraiment 
J'en avais décider d'essayer de vivre autrement
En sortant du lycée j'étais devenu étudiant 
Quand à ce que j'étudiais je ne m'en souviens plus maintenant
Si ça m'intéressait j'avoue je faisais un peu semblant
Et mes profs tous pensaient que je faisais ça pour mes parents
J'aurais voulu briller j'aurais voulu être excellent
Pour enfin leur prouver que je n'étais pas si feignant

Mais on ne m'avait pas fait pour ça
Je m'ennuyais ça n'allait pas
On ne m'avait pas fait pour ça
On ne m'a pas laissé le choix

Et à tant y penser
J'avoue je n'y pense plus maintenant
J'avais décider d'essayer de vivre autrement
Je voulais travailler gagner un peu d'argent
Et apprendre un métier un truc enfin intéressant
J'envoie quelques cv et trouve un boulot à plein temps
je fais mes trois mois d'essais
On me juge assez compétent
Mais
Quelque chose manquait pour m'épanouir avec ces gens
Je devins triste et vite on me jugea presque méchant

On ne m'avait pas fait pour ça
Je m'y traînais ça n'allait pas
On ne m'avait pas fait pour ça
On ne m'a pas laissé le choix

Et à tant y penser j'avoue je n'y pense plus maintenant
Que j'ai démissionné je pense aller vivre chez maman
Ecrire des textes
Apprendre à jouer d'un instrument
Faire des chanson
Essayer de toucher les gens

Mais
On ne m'a pas fait pour ça
Et certains jours ça ne vient pas
Non
On ne m'a pas fait pour ça
On ne m'a pas laissé le choix


Paroles Arnaud Fleurent-Didier

11 août 2014

Vacances

Trêve annuelle, vacances dans le Var, illustrées par une des belles affiches de Monsieur Z. 

31 juillet 2014

2005-2014

Longue Vie au Blog de La Grande Fille !

12 juin 2014

Poésie


Ecoutez d'où ma peine

Écoutez d'où ma peine vient,
Elles disent toutes que j'ai l'air fin,
Que j'ai le museau finaud malin,
Mais de la vie, de la vie je ne sais rien.

Est-ce que c'est le TGV, si vite arrivé,
Ou la paresse de l'Express, du temps passé.
Est-ce que c'est 87, les chaussons dans la cuisine,
Ou le pauvre petit 27, de Janis Joplin ?

Est-ce que c'est long, ou court, la vie ?
Est-ce que c'est con ou lourd ?

Écoutez d'où ma peine vient,
Elles disent toutes que j'ai l'air fin,
Que j'ai le museau finaud malin,
Mais de l'amour, de l'amour je ne sais rien.

Est-ce que c'est la longue distance, 
Et les caresses au long cours.
Ou est-ce qu'on est pour le parcours court.

Est-ce que c'est les cloches qui sonnent, 
Les chapeaux King Size.
Ou les petites Paris Hilton à la tequila sunrise.

Est-ce que c'est long ou court, l'amour ?
Est-ce que c'est con et lourd ?

Ecoutez d'où ma peine vient ...
Les ours blancs nous regardent avec des yeux drôles
Est-ce qu'une Hard rain is gone fall
Est-ce que c'est long, court

Con, lourd ?

Alain Souchon.
Illustration Bernard Buffet, Femme au verre de vin, 1955. 

31 mai 2014

Boulbil memories

On ne se refait pas... Je n'ai pas choisi de faire de l'histoire par hasard ; je reste profondément passionnée par les temps passés. Je donnerai tout et même plus pour faire un voyage en arrière, regarder mes ancêtres au sens large, regarder vivre mon quartier...
Ce matin j'ai passé un certain temps sur ce fil qui compare quartier par quartier le Boulogne d'hier et d'aujourd'hui. Absolument fascinant d'imaginer la vie avant... En face de mon appartement, ce n'était pas la BNP, mais la Maison Aldebert, boucherie. A quelques années près j'aurai vu des boeufs de ma fenêtre, plus rigolo que ce scooter mal garé et cette Smart en double file !
Bon voyage sur http://boulbil.tumblr.com/

17 avril 2014

Animaux hybrides

Ma curiosité naturelle ne m'avait jamais amenée sur le terrain des animaux hybrides... J'en suis étonnée moi qui suis par ailleurs fascinée  à chacune de mes visites à la galerie de l'évolution, lorsque je passe dans le nocturne espace dédié aux "espèces disparues".
Autre curiosité dont j'avais envie de parler après avoir lu un message de Jérémy J, parlant de "tigronne" à l'évocation de son chat. De là commence une investigation sur le Internet. Je découvre des mélanges incroyables comme ici Johnny, un léopon. Mais j'apprends aussi qu'un zèbre et un cheval donnent un zébrule, que le Jaglion existe, tout comme le Ligre... Bref, un monde s'ouvre à moi !

13 mars 2014

Coup de ♥ est un euphémisme

Only Lovers Left Alive
un film de Jim Jarmush

Mots clés : vampire/zombie - savants - esthètes - littérature & science - solitude - spleen & idéal - 21ème siècle -  Amour comme antidote au désenchantement - vie plutôt que suicide - Rock'n roll - esprit chevaleresque. 

12 février 2014

Silence, ça tourne !

La roue de la fortune 1875-83
E. Burne-Jones
Musée d'Orsay - Paris

11 février 2014

::..//Naked Naked//..::

Marseille.
Janvier 2014.
C'est au J1. Une exposition remarquable sur Le Corbusier et le brutalisme.
Il y a cette photographie du maître dans le Cabanon de Roquebrune.
Puissante.
Comme ce corps, puissant au point de résister aux hélices. Vaincre le moteur, vaincue la mer.
Quand la main glisse sur la chair cabossée, elle appréhende des ruptures et des montagnes ; un corps abîmé, rugueux, mais communicant et beau.

Le Corbusier me laisse sans voix. Son Oeuvre (l'idée n'est pas d'aimer ou non), me sidère par son envergure, sa volonté de totalité.
Je regrette tant d'époques... mais c'est relatif bien entendu, plus que jamais pour cette époque ci.

09 janvier 2014

Jacinthes

En janvier, la jacinthe remplace le coquillage sur son piédestal... mais la vie du cabinet de curiosité se poursuit.

07 janvier 2014

Swatch "Années Folles"


Une collection qui a déjà fait chauffer ma carte bleue... Légèrement prévisible ! J'ai choisi une petite montre-bracelet écaille ; hummm ! un bijou Art Déco tchiiip mais qui fait de mal à personne n'est-ce pas ?
De 45 à 100€ (les skin) pour se la jouer Daisy ou Gatsby selon le genre. 

03 janvier 2014

Inukshuk (work in progress)


Photographie Nathalie Gouet
d'après Muriel Poteries.

Le « scandale » avait fini d’achever sa réputation d’homme étrange. Amaruq était beau, devait avoir dans les trente ans, était silencieux, calme. Anoki, sa femme goûtait cycliquement les senteurs des autres, butinant les nouveaux corps quand changent les  saisons. Dans la tribu, il était difficile de l’ignorer. La dernière orgie avait cependant plus profondément impressionné le derme et Anoki avait fugué suivant l’ogre, laissant Amaruq comme un veuf. Veuf dont tous avaient pitié.
Hiver dans le grand nord américain. Froid et glace ; et rien. L’ennui. En quarantaine des autres un peu de son fait, beaucoup par leur pudeur, Amaruq resta d’abord longtemps cloîtré chez lui, perdu en sa propre demeure. Rester sur place. Mon fantôme flottant se reconnectera avec moi-même. En vérité, le calvaire psychique subit par le cerveau ne cessa point et Amaruq lorsque les jours commencèrent petit à petit à rallonger finit par sortir par la grande porte sa canne à pêche, son seau et sa longue perceuse à la main. Les villageois étaient rassurés à l’idée de le voir reprendre une vie, aussi dénue de lien social fut-elle. Amaruq souriait intérieurement. L’attirail fonctionnait bien. Il ne pêcherait aucun poisson. Il aimait simplement marcher sur la banquise, partir loin, loin, au delà des inukshuks*, là où il n’y a plus rien, que le blanc et le silence. Alors, au confins du monde, il y a une place qu’Amaruq a faite sienne. Il y pose son seau qu’il retourne en guise de tabouret, perce la glace pour atteindre l’océan glacial et à travers la lucarne regarde…  
L’autre côté du miroir. Les poissons passent à toute vitesse dans le noir, brillants en robe gorge de pigeon. Certains montaient plus en haut pour saluer le monde d’un gros œil visqueux. Et puis il y avait celui-là qui revenait toutes les fois, plus argenté et dont les écailles s’ajustaient en nuances pour dessiner une tête de mort. Il ondoyait selon une danse macabre et Amaruq pris de mélancolie reconnaissait à travers lui Anoki, allongée dans les flots ou le dos cambré dans le remous. C'était étrange comme toutes les fois ils venaient se saluer l'un et l'autre, le poisson et l'homme ; l'homme et la femme ? 
Le grand blanc. Passés les premiers jours, cela faisait maintenant des mois qu'Amaruq revenait les mains vides. Pourquoi ce vide ? Sur un simple soupçon, un matin, trois gaillards filèrent Amaruq comme l'auraient fait des gars de la police. Ils furent surpris de voir combien le veuf repoussait les limites de la marche et qu'il sortait même du territoire administratif légal. Deux heures plus tard, ils le virent se pencher et regarder. Il donnait l'impression de chercher quelque chose sous la glace, mais à cette distance il fallait surtout reconnaitre qu'on n'interprétait pas grand chose à la scène. Puis Amaruq se releva et repris la route jusqu'à croiser un inukshuk étrange que les trois garçons n'avaient jamais vu. Là, il avait manifestement atteint son but. Il posa sa cane à pêche, la perceuse et le seau, puis se prosterna face au géant. Pour les espions, qui avaient le souffle coupé sans avoir compris grand chose, il était temps de rentrer.






*Empilement de pierres géométriques qui forment un géant et qui a pour but d'indiquer le chemin dans la banquise.