05 avril 2009

L'historien mouille sa chemise...

... et monte sur les planches !

« Être chocolat, signifie être berné. Être privé d’une chose sur laquelle on comptait »
(Dictionnaire Robert)


Cette expression nous vient du cirque. Elle s’est imposée à la fin du XIXe siècle grâce au fameux duo Foottit et Chocolat. Peint par Toulouse-Lautrec, filmé par les frères Lumières, célébré par Jean Cocteau, le duo qui a inspiré Samuel Beckett est aujourd’hui tombé dans l’oubli.

Né à Cuba en 1864, Rafael Padilla, alias Chocolat est devenu le premier Auguste noir du cirque français pour fuir l’esclavage. Son duo avec le clown blanc met en scène la domination raciale au moment même où la République se lance dans l’aventure coloniale. C’est l’humiliation de Chocolat qui provoquait le rire du public français. C’est sans doute la raison pour laquelle nous avons oublié le seul clown noir de notre cirque national.




Gérard Noiriel, historien, directeur d’études à l’EHESS, a publié de nombreux ouvrages portant notamment sur l’histoire de l’immigration, du racisme et des intellectuels. Il fait des conférences sur ces questions depuis 25 ans, mais il s’est rendu compte des limites de ce type d’intervention pédagogique : « Pour lutter contre les préjugés et les stéréotypes, il faut aussi toucher les émotions du public. Pour cela, le chercheur a besoin des artistes. C’est ce que nous avons voulu montrer dans ce spectacle sur l’histoire du clown Chocolat. »

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