01 mai 2006

Herr Klimt


À bas les critiques ciné de Télérama !
Attendant avec impatience le dernier opus de Raoul Ruiz, geste douteux, je lis la critique de son "Klimt" avant de consulter les horaires des séances : Ulysse dépité... signifie film-nul.
Connaissant le talent de Ruiz... je doute et commence la lecture. Du film, apparemment le "fameux" critique n'a rien compris et il le dit ! Il fait la liste : les anachronismes, les personnages, l'esthétique... tout lui semble inutile et juste bon, je cite "à s'emmêler les pinceaux" (ils nomment cela "humour")...
À vous dire mon avis, Ruiz signe ici encore un chef d'oeuvre. Comme dans "le temps retrouvé", Raoul Ruiz en cinéaste (les non imposteurs sont rares) effectue une vraie réflexion, sur le temps, la mort, la mémoire.
Lui, la bio de Klimt il s'en fout... et de ce point de vue là en effet les non initiés ne comprendrons rien ! Car ici pas de narration linéaire qui raconte de façon plus ou moins exhaustive la vie du peintre de A à Z. Le choix de Ruiz c'est de nous plonger au début du siècle dernier et de nous faufiler dans l'insconcient du peintre. Accrochez vos ceintures, ça va virevoler dans tous les sens !
Excellent tableau d'un empire austro-hongrois décadent et à l'article de la mort... comme Klimt d'ailleurs qui revoit sa vie de son lit d'hôpital. Virtuellement, "ectoplasmiquement" il glisse dans un univers confus qui est le sien mais dont il ne reconnaît même plus certains personnages. Alors que dans le monde entier les travaux de Freud commencent à voir le jour, Klimt, en contemporain s'égare dans les méandres de l'insconscient.
"Klimt" est un film très beau et très juste sur la Vienne fin de siècle.
Onis soient les critiques de cinéma nuls qui refusent de réfléchir quand ils voient un film ! Un film est l'aboutissement d'une profonde réflexion... salir Ruiz avant de réfléchir c'est pas possible. Alors Aurélien machin, critique de Télérama, tu vas t'offrir un cerveau et arrêter de penser qu'un film est une mise en image de sujets divers. L'art doit encore faire réfléchir et c'est heureux !

NB : le film est l'occasion de voir pour la première fois en couleur les 3 allégories que Klimt a réalisé pour l'Université. Ces allégories ont brûlé lors de la seconde guerre mondiale. Voici une reproduction de "la médecine". Ces allégories ont provoqué un véritable scandale à Vienne. L'art de Klimt était jugé hideux. Aujourd'hui les toiles de Klimt sont pour de nombreux critiques d'art des écrins de sensualité et d'esthétique et leur succès posthume est l'écho de son talent.

NB2 : ce message me fait penser à un autre film que je cherchais à évoquer sur ce blog depuis un moment. Il s'agit du film "le colonel Redl". Un film une fois de plus sur Vienne fin de siècle, qui insiste particulièrement sur le contexte historique et diplomatique du moment (montée des nationalismes dans les Balkans, complot fomenté contre François Ferdinand...). Le scénario prend corps autour d'une affaire que l'on a parfois comparé à "notre" affaire Dreyfus : Redl est un colonel exemplaire qui grandit dans une famille rigide, l'armée austro-hongroise. L'éducation et l'ascension sociale qu'il doit à la grande muette rendent Redl irréprochable à son égard. Quoique modèle dans ce corps d'élites, le colonel homosexuel finit par choir. Il s'agit d'une réalisation de Istvan Szabo, adaptée du roman historique : "la chute du colonel Redl" d'Egon Erwin Kisch. À voir !

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