28 avril 2007

Ouganda 1971-1979

Le dernier roi d'Ecosse, fait partie de ces films dont tout le monde a beau vous dire du bien... vous n'avez aucune envie d'aller le voir ! Ils sont trop durs ces films-docu sur l'Afrique ! Pour peu on préfèrerait l'ignorer cette violence !
Et puis malgré tout les critiques sont excellentes... allez ! faisons acte civique, allons voir ce dont l'homme est capable (le pire), allons nous faire du mal et re-découvrir l'effroyable dictature d'Amin Dada. Le film est basé sur un roman, lui-même inspiré de faits réels.
Un jeune médecin, fraîchement diplômé part en Ouganda se rentre utile dans un vétuste dispensaire. Les faits se situent au moment même où Amin arrive au pouvoir par coup d'Etat au début des années 1970. Nicholas est écossais, la plus belle carte de visite auprès d'Amin qu'il va rapidement côtoyer de très près.
Parce qu'il est jeune, Nicholas est littéralement happé par Amin, fasciné par le charisme, le charme et la juvénilité du tyran. Humanitaire d'une seconde Nicholas devient le médecin personnel et 1er conseiller d'Amin. À demeure au palais de Kampala, Nicholas découvre les joies d'être le bras droit d’Amin et jouit naïvement de l’illusoire pouvoir qu’il croit détenir.
Loin du film documentaire, le dernier roi d'Ecosse est avant tout une réflexion sur le rapport de force et l'existence individuelle. Nicholas comme Amin ont été cassés, humiliés dans leur jeunesse. Une fois émancipés de leurs jougs respectifs tous deux cherchent à exister par eux-mêmes, sans n’avoir plus aucune limite. La frustration appelle la démesure. De même que faire le mal fait du bien. Exercer la terreur cautérise les blessures. Du moins jusqu’à une certaine limite.
Lorsque Nicholas réalise l’ampleur des massacres perpétrés par les hommes d’Amin, commence pour lui une descente aux enfers. Jusque-là cloîtré dans le décor factice du palais de Kampala (érigé au milieu d’un gazon vert anglais !), le jeune médecin découvre la réalité de la dictature, que les orgies et autres parties de débauche ne sauraient désormais masquer. Fini la musique, l’heure est grave, et vous n’aurez rien que le silence pour accompagner les images.
Le film est marquant par le raffinement des tortures employées, mais au-delà il a aussi la portée psychologique nécessaire à la compréhension du mécanisme qui amène la vengeance. Au fond Nicholas et Amin se ressemblent… et c’est ça finalement le plus insoutenable ! Que nous ayons tous quelque part une aptitude au totalitarisme. Un Double portrait très réussi (bravo les acteurs !). À voir sans aucune réticence !

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