12 juin 2007

Le Guépard

Le chef d'oeuvre de Tomasi di Lampedusa enfin re-traduit !

Trois secondes après avoir lu la nouvelle dans Elle (je sais je suis entrain de tomber très très bas...), me voilà galopant vers la Fnac pour sentir le papier tout fraîchement coupé et faire glisser mes doigts sur ces 400 pages de pur bonheur !
Il y a des choses comme ça pour lesquelles je deviens à peu près folle !
Ceux qui me connaissent (et/ou lisent mon blog) savent ma passion dévorante pour la fin du XIXème siècle en Europe. Ce qui y touche de près ou de loin atterrit nécessairement chez moi. Cette traduction est donc un nouveau billet pour le voyage que je ne ferais jamais (sinon par l'imaginaire), celui qui conduit quelques siècles en arrière.
Que le décor soit posé, je suis prête !

Quatre cent pages pour redécouvrir avec plaisir l'Italie du Risorgimento au travers des yeux du prince de Salina. L'auteur retrace l'effondrement de l'ordre ancien (celui des Rois de Savoie) et la décadence de l'aristocratie, face à la force nouvelle du pays incarnée par Tancrède, le neveu impétueux (Delon dans le film tout aussi chef d'oeuvre de Visconti) et figure emblématique du futur Royaume d'Italie.
Entre passé et futur, nostagie et révolte, le guépard peint une fresque splendide d'une Sicile en proie aux tourments des années d'unification du pays, mais aussi le portrait d'un homme, Don Fabrizio, témoin formidable de cette période de bouillonnements.
Le guépard pose avec justesse la question italienne, mais il est aussi une grille de lecture pertinente à l'échelle européenne, puisque pour l'ensemble des sociétés, la fin du XIXème siècle est aussi le tournant vers un XXème tout en changement et modernité. Les bouleversements profonds qui accompagnent la fin du siècle ont aussi souvent semé confusions et peurs. La décadence que l'on observe dans plusieurs pays européens (la Vienne que l'on dit "fin de siècle" ou le Berlin des années 20 parlent d'elles mêmes) en est la résultante. Elle est aussi une explication à la libéralisation des sociétés du siècle naissant. C'est d'ailleurs à cet aspect fascinant que Luchino Visconti a consacré son oeuvre, qui du guépard aux Damnés en passant par Ludwig, n'a fait que (si je puis dire) retracer des époques et des destins ruinés.

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