28 août 2007

Quand LFG se prend pour Houellebecq*

(on reste toutefois au dessus de la ceinture)

Ce message devrait dater du 29 mars 2007...
De retour de vacances voilà que je le retrouve dans mon Mac bien aimé. Puisque les blogs sont censés être perso j'ose le publier, non sans gêne car il est une vraie exhibition ! Quand je relis ça, je me rends compte à quel point tout est dit de mon caractère et de l'excessivité des tempêtes cérébrales que je suis capable de soulever... pour rien évidemment ! La rage est néanmoins féconde, puisqu'elle alimente ma fièvre épistolaire !
Dire qu'il y avait un créneau pour ma prose déprimante à deux balles et que Houellebecq est passé avant moi... Si c'est pas dégueulasse !

Les éléments ayant une quelconque ressemblance avec les faits réels sont strictement fortuits,
ils servent tout au plus de point de départ !
Je tiens à rassurer mon père et ma mère de ma bonne santé mentale !! Qu'ils considèrent que la création se fait quand l'imaginaire se déchaîne et que vétir de noir le quotidien n'a rien de tragique. L'idée est plutôt que se complaire dans l'exagément sombre c'est mieux le connaître et le fuir !

J’ai claqué la porte sur mes talons et me suis retrouvée dans la rue enfermée sur moi. Tout en arpentant les rues je me suis parlée à moi même pour comprendre ce qui m’arrivait et donner un sens à tout ce vide au fond de moi. En quatre ans et quelques mois ils avaient réussi à me fracasser moralement et à me démunir de l’estime de soi. Pas que la mienne ait été un jour débordante, mais j’avais toujours eu conscience d’un peu de ma valeur. À vingt-huit ans je me retrouvais profondément brisée mais encore debout devant un horizon brouillé. J’en avais fait pourtant des belles études. On m’avait même forcé et promis qu’au bout de ça j’aurais tout. Et j’avais rien. Un métier sans avenir ni la moindre considération, un portefeuille vide. Bien sûr mes lamentations de parisienne autocentrée avaient de quoi faire sourire bien des malheureux. Pourtant je ne les méprisais pas en revendiquant ma part de déprime, ma part de misère. Je suis rentrée dans *** avec d’immenses espoirs de satisfaction. Voilà que j’en ressortais essorée. Ils m’en avaient donné des idées noires, et je les ressassais en marchant le long des rues. Ça gambergeait là-dessous ! Faut dire qu’ils ne l’avaient pas encore entière mon âme. Elle battait au moins le temps de la colère ! J’étais au moins en vie le temps de ces parenthèses ambulantes !
Me parler à moi-même était devenu une manie. Comme une survie. C’est drôle comme l’instinct se manifeste.
Je ne buvais pas, j’ai commencé à boire. Ma conscience jugeait avec sévérité son corps jumeau qui s’embourbait besogneusement dans l’alcool. Boire légitimait cet état léthargique ou alors le contraire, on ne sait plus bien. D’un côté je luttais cérébralement, de l’autre la destruction m’appelait. Au moment où je pouvais me permettre tous les rêves je me trouvais cassée, rattrapée par un système qui méprise les bons joueurs. Je m’étais défoncée à la tache, j’avais pourtant réussi le test, j’étais passé au « grand choix ». Cela ne valait rien. De belles illusions ! Maintenant il fallait y aller pour rien. Du travail. Pas d’argent. Qui peut résister à l’humiliation ? J’ai repensé à ma mère et à l’ascenseur social. J’ai eu envie de pleurer et je l’ai fait en luttant par habitude pour retenir ce qui sortait encore de moi. Et puis elles ont coulé les larmes. Sans honte je me suis efforcée de croire qu’avoir de l’ambition n’était pas interdit et que l'orgueil n'avait rien du péché. J’ai reniflé bien fort et remis à l’intérieur ce qui allait partir. J’en avais terminé de me répandre. Puisque le système n’était plus à la hauteur, j’allais rédiger ma lettre et quitter le navire avant que le navire ne coule. Du revers de la main j’ai essuyé mes pleurs et décidé qu’ils ne l’auraient pas cette vie.

*** éléments supprimés par l'auteur !

* Extension du domaine de la lutte, coll. J'ai Lu Romans, J'ai Lu, 2005.
iconographie : Félicien Rops, La buveuse d'absinte, 1865, gravure du musée Rops Namur.

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