07 février 2009

Dharavi

Depuis la sortie du très décevant Slumdog Millionnaire de Danny Boyle, le "tout Paris" découvre Dharavi, le bidonville géant en plein coeur de Mumbai, dont j'avais mis une photo d'ailleurs il y a quelques semaines sur ce blog.
Il y a trois jours j'écoutais une chronique sur France Inter, dans laquelle la journaliste (dont Isabelle Giordano dit qu'elle est "tombée amoureuse de Dharavi" après avoir vu le film, je cite ladite chroniqueuse, "que TOUT le monde a adoré" : ça commence mal !) faisait l'éloge de l'organisation sociale de Dharavi, où tout est fondé sur l'entraide, sur l'activité (mondialisée par le bas) du recyclage de matériaux, blablabla... Elle expliquait exemple à l'appui, que des boyaux de chèvre étaient transformés en fil de suture pour la firme américaine Johnson & Johnson et qu'en un mot c'est trop cool Dharavi, une sorte d'endroit en avance sur le monde et ayant carrément digéré les préceptes du développement durable !
Et les images ultra léchées de Dany Doyle, qui filme sublimement le bidonville (il réussit ça, sinon le scénario), nous feraient presque croire elles aussi qu'on a trouvé le paradis sur terre !
Moi, je gueule toute seule dans ma voiture : "Personne qui lui répond à c'te nana ? Ils font quoi les autres là, ils l'écoutent juste débiter ses conneries ?". Parce qu'attention, cerise sur le gâteau, la fine journaliste conclut par donner l'adresse d'un site internet de soutien à la population du bidonville. En effet, métropolisation oblige, Mumbaï se modernise et s'agrandit... du coup les autorités municipales cherchent à reprendre la main sur le territoire du bidonville (qui vaut de l'or) de sorte qu'une partie du centre d'affaire puisse y trouver une place. Du coup, il faut sauver le bidonville nous dit-elle ! Et pourquoi pas non plus le classer au patrimoine mondial de l'UNESCO tant qu'on y est !
Après le passage "vive les multinationales qui font vivre Dharavi" (quelles philanthropes hein ?) et le plaidoyer pour conserver le bidonville c'en est trop ! Au secours !! Ils sont formés à quelle école ces journalistes ?? Comment est-ce possible de se laisser gagner par le pathos au point d'en perdre tout recul ?
Cela me confirme (avec ma propre expérience chez M6) que les médias donnent vraiment la parole à des amateurs !

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