20 mai 2009

En relisant Schopenhauer

Alors que j'essayais de tuer l'ennui, appliquant une des toutes premières leçons que l'on m'ait faites petite, voilà que mes doigts fouilleurs s'arrêtent soudain sur la mince tranche jaune d'un petit livre sur l'étagère.
"Le monde comme volonté et comme représentation". J'ai acheté ce livre il y a deux ans. Je le feuillette à nouveau, geste anodin en apparence. Une ligne, puis deux, puis la suite. Me voilà plongée dans cette lecture qui bien vite, et contre toute attente fait sourire. Entre cliché, réflexions un peu désuètes et "café du commerce", Schopenhauer m'amuse !
En tout cas me voilà toute à réfléchir, bien tirée de l'ennui. Qui a dit qu'il fallait tuer l'ennui hein ? L'ennui précède Tout !

Chapitre XLIV du supplément au Livre IV
sur la métaphysique de l'amour sexuel.
L'idée force de Schopenhauer est que l'espèce a le pas sur l'individu. L'amour se construit sur l'illusion de l'inversion de ce rapport. Je cite :
"Mais la puissance de la volonté de l'espèce est tellement supérieure à celle de la volonté individuelle que l'amant ferme les yeux sur les particularités qui lui déplaisent, il ne voit plus rien, ne sent plus rien, et s'unit pour toujours avec l'objet de sa passion. Mais l'illusion qui l'aveugle si complètement, dès que la volonté de l'espèce est réalisée, s'évanouit et lui laisse, toujours là, une compagne de vie haïssable. C'est seulement cela qui rend explicable que nous voyions des hommes sensés, éminents, unis à des dragons et des mégères, alors que nous ne comprenons pas pourquoi ils ont fait un tel choix. Aussi les Anciens représentaient-ils Amor comme aveugle. Oui, un amant peut connaître clairement et ressentir amèrement chez sa fiancée des défauts insupportables de tempérament et de caractère qui lui promettent une vie de tourments, et pourtant ne pas être rebuté !"

1 commentaire:

Anonyme a dit…

voilà pourquoi je ne souhaite pas voir disparaitre ce blog, encore merci !