16 août 2007

Réac' s'abtenir !

Je viens de voir un film absolument bouleversant… allez ! je vous en parle ça me permet de digérer un peu, à chacun son remède !
Ça s’appelle the bubble.
La bulle, c’est le surnom que l’on donne à Tel-Aviv, cette enclave urbaine « épargnée » par les affres de la guerre. Construite dans l’altérité, Tel-Aviv est en premier lieu différente car elle regarde la mer et l’occident, pas Jérusalem. Un peu indifférente (en apparence) au présent du pays auquel elle appartient, Tel-Aviv très occidentale au fond, foisonne de jeunes et s’affiche comme libérale à l’aulne de sa place de seconde ville gay du monde.

Le film s’ouvre sur une scène dure filmée en vidéo. Nous sommes sur un barrage militaire entre Naplouse et Tel-Aviv, entre deux bulles. C’est là que Noam, un jeune israélite a été parachuté pour faire son service militaire. Lui, différent des autres, ne semble pas du tout approuver les méthodes brutales appliquées sur les lieux (d’ailleurs il ne les applique pas) et préfère rentrer dans sa bulle via son ipod pour écouter du rock. C’est pourtant ce jour là, lors de cette fouille que Noam croise le regard d’Ashraf. Coup de foudre dans un monde de brutes !
À la seconde scène, nous sommes à Tel-Aviv. Noam vient de terminer son service. Il retrouve son job et son appart qu’il partage avec deux colocs : Yali (aussi gay que lui) et Lulu, jolie fille un peu déjantée. À Tel-Aviv l’ambiance est plutôt festive et l’insouciance semble de mise. Le contraste avec la première scène est saisissant ! Ici il fait bon vivre, on ne parle pas de politique et bien sûr on ne fait pas la guerre. On se croirait presque dans la série « Beverly Hills » avec des mecs et des nanas trop sympas qui ont de super jobs branchés et passent le plus clair de leur temps à flirter et fumer le pétard dans leurs chouettes apparts (seule exception évidemment par rapport à la célèbre série américaine !). Plutôt cool tout ça… on se sent vachement bien dans ce film ! Malgré tout, ça fleure la désillusion à plein nez, comme si tout le monde faisait semblant d’ignorer que le pays n’est pas en guerre. Alors pour occulter la lourdeur des évènements nos Tel-aviviens poussent la musique à fond, avalent des extas et s’éclatent à faire et refaire l’amour. Loin d’être pathétique cette quête est au contraire sublime. Ils réclament paix, fraternité et veulent construire un avenir contre les faiseurs de mort qui l’empêchent de s’ériger.
L’histoire d’amour impossible entre Noam et Ashraf est évidemment une mise en abyme de la situation politique, de l’absurdité du conflit et des maigres espoirs de paix au Proche Orient.
Le film souligne l’impossibilité d’une relation homosexuelle entre un israélien et un arabe, mais c’est au fond moins le problème de l’homosexualité que celui de la différence et donc de l’intolérance qui est ici traité. Tel-Aviv veut bien s’assumer en tant que ville gay… mais à une condition, que les gays appartiennent tous à la même communauté ! Côté musulman, pas plus de tolérance la question est d’emblée récusée : « l’homosexualité ne peut exister ».
L’espace lui-même est ségrégué et discontinu. Chaque communauté est cloisonnée dans sa bulle et se rendre d’un lieu à l’autre impose un passage forcé par le goulot d’étranglement des barrages militaires. Dans cet espace ultra délimité, l’Amour est le grand perdant du découpage. Noam et Ashraf n’ont guère que les liens téléphoniques, invisibles et incontrôlables, pour relier leurs bulles… virtuellement.
Visiblement le film est susceptible de heurter les mâles réac' ! Si, si! Quelques gars dans la salle éructaient d’horreur, fallait les voir ! C’est vrai que les choses du sexe sont là, étalées et je comprends qu’elles puissent mettre mal à l’aise. En même temps on est jamais dans le sordide, ni dans le « montrer pour montrer ». Les scènes sont belles et touchantes car filmées et jouées avec beaucoup de sincérité. La dernière rencontre entre Noam et Ashraf est tellement forte émotionnellement qu’on a réellement le sentiment que la scène est suspendue dans le temps l’espace de quelques secondes : brillant !
Finalement –et j’en reviens à ce que je disais plus haut– ce qui ressort comme anormal, illégitime voire choquant c’est plutôt l’absurdité de la guerre et la traque que mènent les Israéliens contre les « étrangers ». J’aurais pu faire valoir mes arguments auprès des andouilles qui gueulaient après la séance (je cite quand même : "7 euros 50 pour voir, c'est honteux" !), mais je crois qu’il y a des rééducations vaines… surtout sur des Toulonnais homophobes !
The Bubble, bien trouvé le surnom car Tel-Aviv est comme une boule que l’on retourne pour agiter la neige, une ville magique où la jeunesse s’envoie en l’air comme des millions de paillettes, mais parfois c’est pour de bon… suffit d’appuyer sur le bouton…

NB : En me relisant, je signe et persiste (voir post sur Lady Chatterley) faut vraiment que j'arrête de parler de ce que j'ai aimé, c'est archi nul ! Bon, faites mieux que lire mes trucs débiles : ALLEZ VOIR LE FILM !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

j'avais hésité a y aller mais ca l'air bien !