25 septembre 2013

En septembre...

Fleur de Lis - Robert Lewis Reid (1862–1929)
MOMA, New-York, 1895–1900 - Huile sur toile.
J'ai vu les flammes de l'enfer me caresser le dos. 
Parfois j'ai l'impression que je nais.
J'ai tellement peur que je n'ose le penser ni presque le dire. 
Tout est si précaire et ténu
Ici bas.  

10 juillet 2013

La fabrique à gynécée

Filles à la vanille qu'ils disent...
Avoir une fille oblige parfois à un léger retour sur soi !
C'est en glanant et mettant en place l'attirail à jouer de B. qu'un matin effarée je réalise que je lui bricole, tel le petit oiseau brindille après brindille un véritable gynécée. B. vit dans un petit monde clos ultra féminin où l'homme est secrètement tenu à distance :
Une dizaine de Barbie, pas un Ken ;
Une crèche d'anges-filles et de fillettes ;
Des affiches, huiles du même genre...

Quelle étonnante peinture sucrée suis-je entrain de réaliser ? 
- LACAN,  à moi !

30 juin 2013

J'y ai filé des marrons !

Monoprix a tout compris : on déteste faire les courses !
D'autant que pour nous pauvres parisiens piétons cernés d'une supérette tous les 500 mètres, aller aux courses figure parmi nos actes quotidiens. Litre après litre, nous remontons eau et lait, pâtes et livre de fruits... Oui mais stop ! Là s'arrête la cosetterie, car le monop a décidé d'arrêter de se foutre de nous et à placé des centaines de super beaux produits partout dans ses rayonnages ! Ma carte bleue en fait régulièrement les frais, mais que diable, c'est encore le moyen de rester une mère de famille convenable et de revenir certes avec du vernis à ongle... mais aussi du pain !
Pour votre plaisir (et en cachette ce midi, comme une grande sans l'aide de personne) j'ai testé ce midi la glace façon MONT-BLANC inspirée par la célèbre pâtisserie du salon de thé Angelina. À laisser fondre un bon quart d'heure, c'est encore meilleur : de vrais morceaux de marrons, des éclats de meringues... Pour les gourmands, un péchés. 
Pour la note, un peu plus de 6€50 le pot de mémoire.
Réalisée par les Glaciers Pedone, maison établie depuis 1959. 
Existe aussi un parfum chocolat, à tester prochainement !

NB : la touche Art Déco du boîtage est l'atout maketing... moins de 30 secondes pour mettre cette glace dans le panier !

29 mai 2013

New York City

Règle n°1 :
Pour arpenter le bitume new yorkais au top.

Se la jouer Tess Mc Gill avec la coupe sauvage + le perfecto + le maxi foulard + les Reebook freestyle high top. 
Tout sur fond années 80 : on hésite pas à marier les motifs qui ne s'accordent pas : fleurs et pois par exemple.



Règle n°2 : 
Ne jamais prendre des vessies pour des lanternes. 

À Paris le printemps est dégueulasse... à NYC aussi. Bref, tous tes rêves s'envolent : faire un jogg' à central park dans tes nouvelles Asics fraîchement acquises sur Bryan Park, trinquer à l'air libre d'un roof top, te dorer la pilule à Coney island... Ouais mais TOUT le reste c'est déjà tellement GÉNIAL !

Top of the rock à la mi journée

Règle n°3 :
Le Mimile à casquette.

Fort de tous tes préceptes, auxquels tu as beau tenir comme à ta vie, à la fin du séjour, entre le froid de canard et l'amoncellement de sacs atroces, t'as flingué la règle 1 : ton look.
Tu ressembles donc à un pauvre k-way effondré dans le fauteuil Art Déco d'un palace (trouvez l'intrus), pas joli-joli.
Promis la prochaine fois, j'me tiendrais mieux, quand je serais vraiment grande quoi !

Lobby du Waldrof Astoria

25 avril 2013

Ne m'appelez plus jamais Brunette

Gerda Taro par Robert Capa. 
Espagne, 1936.
Tu t'appelles Brune.
Affectueusement ils t'appellent "Brunette" ;
Ils t'envoient des fleurs mais dans mes oreilles résonnent les tirs de trente sept.
Brunete, province de Madrid. Juillet.
Gerda Taro va laisser sa peau sous un char.

Brune,  à Brunete les nôtres ont pris tant de balles.

13 mars 2013

Holi Hai होली

En Inde le printemps se fête en couleurs.
C'est HOLI.
Pendant deux jours les uns et les autres se prennent pour cibles et se visent avec des pigments de peinture. Le pays devient un immense terrain de jeu. Chacun s'excuse ensuite : un autre GRAND PARDON ou toutes les castes se mêlent 48 heures au moins.
Du vert pour l'harmonie, de l'orangé pour l'optimisme, du bleu pour la vie et du rouge pour l'amour !

Je suis en manque d'Holi day, moi.

20 février 2013

Correspondances


Il y a Zola à Medan.
Allongé sur le flanc. Pimpin là, tout contre, sage sous le bras.
Chapeau brillant comme métal, un autre dormeur du Val ?
L'écrivain a ordonné la photographie ; l'épouse actionne le déclencheur.
Un "tac" dans la chambre noire ; à jamais dans l'herbe.

Il y a Ophélie se reposant*.
Elle ne fait pas partie de l'exposition (il s'agit d'une exposition photographique).
Cette peinture surgit de soi ; dans l'esprit.

Ressemblances.
Étonnantes.

J'ai observé 100 chefs d'oeuvres (thème de l'exposition qui se tient actuellement à la BNF - La photographie en 100 chefs d'oeuvres).
Époques, sujets variés : une collection très hétéroclite parmi laquelle 2 clichés ont retenu mon attention : un portrait signé Callahan (j'y reviendrais certainement un jour) et celui de Zola pour les raisons que chacun a déjà comprises.
Cet après midi là, devant ce petit cadre, qui plus est celui qui clôt l'exposition (n°100), là dis-je, j'eus la sensation d'être incarnée. Tout doucement ; par le coeur. Un petit bonheur soulevant imperceptiblement la cage, enveloppé de doux, de bienveillant : un instant.

Je n'idolâtre pas Zola, mais suffisamment son temps littéraire pour que la chimie opère, piochant dans ma mémoire ces bribes de correspondances et entre en fusion !
Ô Cerveau-fou ! Organe-archive ! Que jamais ne cesse !

* John William Waterhouse, Coll. privée, 1889.

26 janvier 2013

❤ ❤ ❤

Trois coups de coeur pour le dernier Tarantino.
Rien à rajouter comme le parfait alcool se déguste sec, le café sans le sucre, il faudra VOIR Django unchained et se dispenser du blabla autour. 
À déguster au creux de l'hiver, au chaud d'un fauteuil de cinéma. 
Trois coeurs pour Christopher Waltz qu'LGF ad❤re de plus en plus.

10 janvier 2013

Bizarre, vous avez dit bizarre ?


L'Ange du bizarre. Le romantisme noir,

de Goya à Max Ernst

Dante et Virgile aux enfers, William Bouguereau 1850.

5 mars - 9 juin 2013
Musée d'Orsay

On nous promet du sérieux : 200 peintures, dessins et sculptures de la fin du XVIIIème au début du XXème. Sont attendus Füssli, Munch, Blake et tous ces autres artistes-fous, amateurs de vampires, sorcières et monstres informes.

08 décembre 2012

"Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou"

Bohèmes.
Il y a des idées reçues. On pense XIXème, Baudelaire... et puis il y a l'entrée immédiate dans une exposition qui débute à la source. Évident mais cela ne m'avait pas sauté aux yeux de prime abord : Bohème = bohémiens. Le tsigane, la cartomancienne, les vagabonds et mendiants... c'est d'eux dont nous allons parler ! Ils inspirent déjà Léonard de Vinci et de fil en aiguille nous promènent jusqu'au XXème siècle définissant au passage peintres et poètes fameux tels Verlaine, Rimbaud ou Baudelaire érigés en figures de proue "l'artiste bohème". Les styles, supports et techniques sont hétéroclites : une peinture de Picasso pointilliste, des gravures et des huiles Renaissance ; des lithographies extraordinaires d'Otto Mueller (artiste considéré comme "dégénéré" par le IIIème Reich) et des photographies : un portrait troublant de la Goulue et son acolyte Grille d'égout !
Chacun son rythme. 
Accélération sur le début de la chronologie, LGF n'est pas une fanatique de la grande peinture académique. Delacroix ou Murillo (pas spécialement exposés d'ailleurs !) ne font pas franchement vibrer ma corde. Mais l'exception confirme la règle, lisons la suite.
On ne prend jamais trop le temps de comprendre sur le moment pourquoi telle ou telle image nous magnétise un peu plus qu'une autre. Mais il y en a toujours une. Une au moins. 
Depuis Brune je suis "appelée" par les portraits d'enfants. Me touchaient-ils pareillement jadis ? Je l'ignore. Au travers de ces visages, souvent mélancoliques, je projette Brune et ils me plaisent. Ils me plaisent davantage. Déjà à Orsay (exposition Préraphaélite/Oscar Wilde), j'avais eu ce besoin de retourner à la toile une fois la visite achevée (Mother and Child de F. Leighton). Il s'agissait d'inhaler une dernière fois les couleurs et le visage. Chose rare, j'avais même acheté une petite carte postale... vaine démarche en vue de conserver une trace convenable de ce que j'avais vu. 
Cette fois, j'ai aimé ce regard, qui ne dit rien, mais qui affronte le peintre. On en fait une lecture "lutte des classes" car cela rajoute au mélo. Les gosses des rues, ça fait pleurer dans les chaumières. LGF n'échappe pas à cette nature morte. Rien ne bouge. Les vivants sont posés sur la table comme la carpe à côté de la bouteille et pourtant la fillette, petite maman nonchalante est magnétique. Le poids du réalisme opère ; les correspondances symboliques affluent. 

Enfants tsiganes
August Von Pettenkofen, 1855.
 
L'Art, mon meilleur psychotrope. 
Doux. Apaisant. Rassasiant et follement inspirant.
J'aime bien vous parler de mon petit musée ; ça déborde un peu de partout ce foutoir d'images emmagasinée dans ma mémoire... et puis c'est encore meilleur quand on partage !

Le VoeuTheodor Von Holst
Collection Brian Sewell


Sur l'affiche de l'exposition : Rêverie, Charles Amable Lenoir, Collection particulière.

07 novembre 2012

Une coupette de plus pour l'agent

James Bond (alias Daniel Craig) nous a habitué à du haut de gamme.
Costumes impec taillés sur mesure, coupe fraîche qui limite la casse après une course poursuite dans la pampa, grand seigneur et néanmoins macho-arrogant avec les femmes (qui aiment ça)...
Cependant on nous a caché que 007 est un gros alcoolique... et ça c'est pas glam' du tout, même s'il nous fait le coup des paillettes au casino.
L'agent a un gros bazard dans la poche (comprenez son Beretta), une belle grosse Omega au poignet... et souvent le verre à la main !

La preuve en chiffres et en images.
 De facétieux bondophiles ont mis Craig à l'épreuve. Dos au mur et côte à côte avec le fantôme de ses ancêtres, la vérité éclate aussi bleue que ses yeux... bientôt injectés !
Si Bond n'est pas 24/24 sur le terrain, faut pas s'tromper, c'est parce que le reste du temps il collé au zinc à faire le pilier de bar.
Dire qu'ici on arrive à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Le cinéma est capable de tout, même de transformer un alcoolo-flambeur en gentlemen panaché !
 Dans Casino Royale, l'agent se la raconte tellement qu'il invente sur le champ un cocktail nommé Vesper : summum du sex appeal aux yeux de l'héroïne. Je cite :
"A dry Martini, one. In a deep champagne goblet"
"Oui, monsieur"
"Just a moment. Tree measures of Gordon's, one of vodka, half a measure of Kina Lillet. Shake it very well until it's ice-cold, then add a large thin slice of lemon peel. Git it ?"
"Certainly monsieur."

Et hop', emballée la nana !
Nouvelles aventures : même recette.
Nous sommes dans Skyfall. Toujours une brune... mais cette fois, Bond ne pousse pas le vice, il ne sert pas tout à fait le même couplet : c'est ça la grande classe ! Cette fois il balance du champ'... et grâce au placement de produit nous aurons la chance de savoir qu'il fait péter du Bollinger.
Carrément moins excitant : la bière au lit. 
Que s'est-il passé ? A t-on lobotomisé 007 ? 
Disparu le dur de dur qui tient à l'alcool (le vrai) comme tout mec qui se respecte. Affalé et gros bourrin dans une chambre d'hôtel minable, ça picole une binouze en loucedé, une souillon au bras ! On est tombé bien bas... mais c'est le jackpot pour Heinekein. 
Enfin, terminons par les short-drinks, qui font de Bond notre écossais favori. En matière de whisky on ne l'a fait pas au super agent : du Macallan, et du 50 sinon rien. 2850 € la bouteille. Ça fait cher la cuite ... 

CQFD.
NB : Allez James, ne nous fait pas marcher : le coca, c'est juste pour le fric non ?

28 octobre 2012

Patrick Roger #3

Régulièrement, LGF devient le relais publicitaire du fameux chocolatier Patrick Roger. Cette année, Halloween semble refaire surface : réjouissons nous car nous n'avons jamais assez de dates au calendrier pour s'amuser et faire les fous ! 
Question friandises chocolatées ou pâtes d'amandes gourmandes faisons confiance au meilleur ouvrier de France. Nous allons croquer de la citrouille et nous gâter les dents... mais pour le déguisement du 31, c'est de circonstance...

01 septembre 2012

Frappée fort #2

Bulle comptait beaucoup de désordres dans sa tête mais son intérieur était tracé au cordeau. L'appartement était grand et parfaitement rangé. Dedans, elle vivait seule. Autrefois elle avait vécu avec Neil, mais Neil avait choisi l'adultère pour rentrer aux États-Unis et briser le couple. Au fur et à mesure, elle avait pris le temps d'agencer avec soin chaque pièce et décoré avec goût son décor parisien. Toute chose avait une place ; la place de chaque chose avait été longuement discutée. Elle, pourtant à l'origine du tout, peinait à s'inclure dans la scénographie, s'estimant superflue dans un cocoon absolument parfait. Cet appartement un peu trop dépoussiéré pour certains lui avait valu l'étiquette de fille totalement maniaque et snobinarde. Le verdict établit, elle se demandait par où elle péchait, si l'ordre, le soin et le plaisir d'être un peu esthète constituait un réel vice de forme. 
Les bandes de crêpe ne faisaient pas partie du design intérieur. Bulle s'échinait à cacher ces maudits rouleaux qui envahissaient les placards. Il était inimaginable de les voir traîner ici ou là c'est pourquoi elle passait et repassait méthodiquement d'une pièce à l'autre pour s'assurer que "tout allait bien". Le scénario se répétait plusieurs fois par jour : net, carré, rien qui dépasse.
Des coups dans la chair ; depuis toujours ? On ne sait  pas trop. Des bleus partout, tout le temps, épars. "C'est pas grave. Ça peut pas être grave". Elle se le répète ; souvent. Depuis plusieurs mois qui font des années, Bulle a de plus en plus d'hématomes qui lui maculent les jambes, piquètent les hanches et les coudes. Bulle va trop vite, Bulle se cogne et déchire sa peau. Bleu. Violet. Jaune. Vert. Le sang qui coule sous la peau a les couleurs de l'arc en ciel. 
Limiter la casse. Il était exclu de sacrifier au décor de l'appartement, d'apposer des coins et de recouvrir les meubles de papier bulle, alors Bulle choisit pour solution de rembourrer sa chair. Cela devenait urgent. Elle pris sa décision en observant son corps nu dans le grand miroir. Les jambes comme à l'habitude étaient violacées sur toute la longueur ; le plus spectaculaire était cependant l'arrière des cuisses qui portaient en trace de sang, le transfert de l'assise du rockin'chair Thonet. Elle y siégeait une heure ou deux le soir pour feuilleter ses dossiers du lendemain. Sur la peau claire, s'imprimait tout doucement le motif du cannage en petits pinçons de sang. 
Bulle entama sa momification. Les membres touchés disparaissaient sous le crêpe. Le cérémonial du bandelettage reposait sur l'hygiène et la méthode : elle lavait soigneusement ses mains, saisissait la bande, la plaçait délicatement pour dérouler lentement la pelote. Après une jambe c'était l'autre, puis le bras et ainsi de suite. Bulle admettait que les choses avaient déraillé. Les pansements étaient salvateurs, la mise en scène devenait une obsession. 
Mascarade. Jusque là elle s'en sortait. Elle avait développé une sorte de sixième sens, purement animal afin de masquer la somme de ses complexes et survivre. Chez elle, les bandages étaient cachés dans les placards ; sur elle, ils étaient dissimulés sous des vêtements stratégiques recherchés. De cette contrainte était d'ailleurs né un style, volé à Diane Keaton. Elle avait réglé la question des essayages en fouinant dans les friperies : pas de vendeuses, pas de cabines. Les habits de seconde main n'étaient qu'un autre aspect de l'une de ses obsessions tenaces : tout chiner. Elle pointait exhaustivement les dates des vide-greniers alentours et fluotait avec frénésie les cases sur le calendrier. Les déambulations d'un stand à l'autre était toujours pour elle l'occasion de dénicher un objet, au mieux un meuble pour son intérieur qu'elle rendait ainsi toujours plus unique, jamais ikeaisé. Elle choisissait les pièces avec son coeur, ignorant le prix au risque de l'arnaque. La chaise de style Adam, la coupe en bronze d'Albert Marionnet coûtaient une petite fortune mais jamais autant que le plaisir de les posséder. 
L'homme au chapeau. Il lui avait transmis cette manie de fureter son père. Il était plus ou moins brocanteur ; cela dépendait des circonstances et surtout du besoin en liquidité qui le pressait. Marginal, il était sur le fil de l'insertion sociale. À diverses reprises il avait manqué d'aller en prison, suite à de petites frappes minables qui lui avaient valu de perdre sa compagne, la mère de Bulle. Passé la séparation, la mère et les autorités de la protection infantile avaient décidé que l'enfant ne reverrait plus le père. Bulle n'avait pas posé de question. Elle gardait des contacts homéopathiques avec la mère et s'était faite à l'idée qu'elle n'avait pas de père. Elle avait cependant conservé une photo, volée. Il était beau ce père avec son chapeau. 
Chiner. En septembre, il ne fallait pas manquer la grande braderie de Lille. Elle écuma en vitesse son carnet de contact et arrêta son index sur Fabrice. Fabrice était parfait. Elle composa son numéro de téléphone et en un tourne main, rendez-vous était pris pour le week end suivant. La ville ressemblait à une ruche. Bulle et Fabrice butinait méthodiquement les étals, sans oublier le moindre bibelot. Leurs poches se gonflaient de babioles diverses et le moral de chacun se relançait à chaque acquisition. 
Flash Flipper. Fabrice s'arrêta net devant une série de vieux flippers. Rebelle un temps, il avait eu sa période bar et blouson noir. Les pinball, il en connaissait un rayon. Le vendeur ne plaisantait pas avec la marchandise. Jungle Queen. Un flipper beau à pleurer comme s'il avait fait un bond des années 70 à aujourd'hui. Fabrice s'approcha d'un peu plus près. Le vendeur engagea la conversation pour présenter le Gottlieb, au cas ou, et autorisa à toucher l'appareil. Fabrice se fit prier une seconde fois puis posa d'abord les mains sur la glace avant de les faire glisser de part et d'autre du coffre pour trouver les boutons. La table était hypnotique : les éléphants, les félins, la chevelure aux volutes psychédéliques, tout participait au rêve américain auquel Fabrice n'échappait pas. Bulle se rapprocha pour savourer avec lui le plaisir de remettre à la surface les vieux souvenirs. Les rais du soleil éclairaient durement la table. Les rampes et les cibles étincelaient comme si le flipper était sous tension. L'homme au chapeau leur tendit la main et l'ouvrit dans le même geste : deux boules métalliques y étaient logées. Fabrice saisit l'une d'elles et l'engagea dans le lanceur, juste pour voir. Bulle regardait. Le métal bien lisse roulait, s'aimantait avec rebonds sur les bumpers ; la balle allait et venait au gré des coups plus ou moins violents des flippers. Cela mettait plusieurs tours de suite avant qu'elle ne retombe dans un léger fracas. Il fallait toujours suivre la bille des yeux. À la longue c'était étourdissant. À chaque choc, Bulle repliait son intérieur : elle fronçait légèrement les yeux, serrait ses boyaux si toutefois c'est possible et cessait de respirer. L'homme au chapeau la remarqua et s'approcha d'elle comme pour la soutenir. Bulle sans mot marqua un geste de rejet et saisit Fabrice par le bras. Il y avait urgence.
Viol à main armée. Rentrée chez elle, Bulle n'arrivait pas à enterrer le souvenir de cet homme, de ce stand crasseux et de ce flipper. Elle fit bouillir de l'eau qu'elle passa sur un filtre garni de grandes feuilles noires. Elle laissait toujours la théière ouverte afin de contempler oisivement les volutes fumantes, toutes rondes, toutes plates et horizontales qui s'échappaient vers le haut. Elle porta deux coups secs du bout de l'index sur le verre arrondi de l'aquarium. Le poisson vira de bord et fit un tour. Le verre isolait l'animal : "un bleu sur du rouge ça fait quelle couleur ?". Bulle bu son thé et se recroquevilla dans le fauteuil Jacobsen corail. Elle aimait s'endormir dans cette coquille de feutrine, enroulée sur elle même et cachée. Ce n'était qu'une illusion, mais ainsi, elle se sentait poisson, hors d'atteinte tandis que déroulée elle se sentait exposée à tout. Allégée de quelques idées noires, elle pointa un pied et la jambe suivit. En se déroulant elle délogea un petit papier cartonné coincé sous l'assise. Bulle se pencha afin de saisir la photographie sur le parquet. Le père. Dans ses rêves elle enterrait le corps ; dans les cauchemars, le chapeau finissait toujours par ressortir. Elle tapait fort dessus, mais le Fedora de feutre noir dépassait toujours. Bulle rangeait les dossiers plutôt qu'elle ne les ouvrait. Elle avait placé tout au fond celui du père. Il fallait bien se protéger le coeur. Ça frappait fort dedans. L'homme au chapeau, à Lille ou ailleurs serait toujours là. Dans la tête. Ad vitam les réminiscences de la corde ad vitam celle du couteau entre les dents pour ne pas bouger. Il avait fallu des années et des kilomètres de tissus pour oublier les mains du bourreau. Le faux mort revenait vivant et malgré les couches, il arrivait encore à heurter Bulle au plus profond. 
Peau neuve. Bulle pianota sur le verre du téléphone. Le commerçant en bas livrerait volontiers deux bouteilles de Macallan 12 et rentabilisait sa soirée. Dix minutes plus tard, un jeune homme au teint méditerranéen sonnait. Elle saisi le sac de papier épais et paya la note. L'épicier soignait les commandes et livrait les marchandises comme on porte un bouquet. Bulle appréciait cette attention. Ce soir, les bouteilles arrivaient bien calées, enroulées l'une et l'autre dans une grande feuille souple de polyéthylène. Elle dénoua les gazes de son corps, comme chaque soir mais ne les replia pas pour le lendemain. Son corps d'un strict point de vu dermatologique était parfait. La peau était claire, guérie de tout. Elle déambula avec prudence dans l'appartement et revint s'assoir au creux du fauteuil rouge un verre à la main. Les glaçons tintaient sur le cristal et la chaleur de l'alcool les faisait craquer. Cela faisait un bruit miniature, indescriptible et réjouissant. Bulle n'avait pas forcément le goût des short drinks mais elle appréciait la sensation cotonneuse qui découlait de leur absorption. Elle ingurgita vulgairement plusieurs lampées de whisky pour oublier. Oublier tout et rien, elle ne savait plus trop. La sonnerie du téléphone. Trop tard ; trop loin pour décrocher. Ébriété avancée. D'abominables souvenirs qu'elle ne raccordait pas les uns aux autres lui revenaient en flash back. Elle avait beau courir pour rattraper le fil de son cerveau, sitôt qu'une image apparaissait  elle l'oubliait instantanément au profit d'une nouvelle tout aussi fugace. La soirée avançait, les bouteilles se vidaient. Bulle s'effondra sur le sol. Allongée sur le dos, elle berçait son corps qui tanguait mécaniquement d'un flanc à l'autre. C'est la tête qui impulsait le mouvement. Alors dans un éclat de rire ivrogne, elle se mit à rouler entière sur le sol. Lavée des tabous elle devenait à nouveau petite enfant et roulait sur la pente, grand foetus. Les jambes s'enchevêtrait dans les franges du tapis, elle bousculait le guéridon et s'entortilla enfin dans l'emballage précautionneux de l'épicier. 
À mi chemin entre le coma et l'asphyxie, Bulle partait plus protégée que jamais, le visage filmé de plastique bulle. Ad vitam

31 août 2012

(Presque) aussi vieux que le monde


Qui l'eu cru ?
Me hasardant sur le site de HiPP afin de choisir le futur lait de Brune Chérie, je tombe sur l'histoire de l'entreprise et vais de surprises en surprises : il s'agit d'une société allemande... et ancienne qui plus est.
Comment résister à faire partager ici quelques images du packaging vintage des premier petits pots ?

  • En Allemagne, la farine de biscottes pour enfants fut vendue jusque dans les années 50. Vers le milieu du 20e siècle, Georg Hipp, suivant le modèle américain, décida de se lancer dans la fabrication industrielle de nourriture infantile. C'est ainsi que dans les années 1956/1958, il mit quatre nouveaux produits sur le marché : deux variétés à base de légumes et deux variétés composées. Ce fut une grande innovation, car c'était la toute première fois que de la nourriture pour bébés était fabriquée industriellement et vendue en Allemagne.Très rapidement (1959/1960) l'emballage subit une transformation importante. La boîte fut remplacée par un emballage en verre plus pratique et plus hygiénique. L'éventail des produits HiPP connut un développement fulgurant. C'est ainsi que les mamans purent bientôt acheter des jus, des préparations à base de viande, des desserts, des menus pour enfants et des bouillies à base de céréales complètes et de fruits.

Sur le site http://www.hipp.fr/

23 août 2012

Frappés fort #1

Maintenant la fichette du calendrier marquait qu'on en était à l'été. Finalement les saisons avaient passé. Les amis tiraient hâtivement les conclusions. La vérité s'écrivait autre : elle vivait. "Survivait" persistaient à dire les mauvaises langues. Le voisinage assurait une bonne équipe de planque et de fait, représentait une source sérieuse pour tous les commérages. Les premiers temps elle n'avait guère quitté la propriété. 
Il s'agissait d'une belle demeure d'inspiration californienne, juchée sur un flanc de colline surplombant l'azur de la Méditerranée. 
Veracruz. Pierrick avait baptisée ainsi le domaine. Pour sa femme d'abord, Véra ; et puis en mémoire de Luis Barragán. Fanatique d'architecture, le vice l'avait mené jusqu'à voyager à travers le monde pour voir ou rencontrer oeuvres et maîtres. Véra et lui avaient célébré leur lune de miel au Mexique et Veracruz était née de tout cela. 
L'été se traînait. Ses journées brûlantes. La trotteuse de l'horloge qui tourne mais ne fait pas avancer le reste. Pour éviter l'ennui, il fallait s'organiser : se lever tard, prendre lentement son thé sur la terrasse et feuilleter le magazine avec nonchalance. Après, c'était le moment de faire un brin de toilette, juste le nécessaire car : "à quoi bon si on ne sort pas ?". Venait ensuite un intervalle temporel dans lequel se profilaient à nouveau les questions. L'ennui, c'est qu'il fallait meubler jusqu'au prochain repas ; et avec quoi ? 
La piscine restait la plus simple des occupations, du moins la plus simple des non-occupations. Pour Angela, l'employée, et pour les voisins à l'affut, cela ressemblait à une case cochée sur l'emploi du temps, c'était l'essentiel. Piscine.  
Véra. Ancien top model. Physiquement, il n'y avait toujours rien à dire : de la plastique solide qui expliquait probablement l'opiniâtreté observatrice des voisins. Véra en avait vu des couleurs et du paysage, des oiseaux à plumes, des histoires à dormir debout. Elle avait oeuvré dans un drôle de métier, s'était fait gloutonner presque fillette pour devenir une pépée à podium. Enfin pour elle, la roue n'avait pas trop mal tourné : elle s'était arrêtée sur Pierrick ; elle avait remporté le gain maximal. La combinaison n'était pas rare : ça avait même la côte dans la stratosphère businessidérale "de se bouffer de la bombe" ; mais question mannequins libres, il y avait plus d'offre qu'en matière d'Hommes d'affaires. C'était tombé sur elle. 
L'argent permet tout. Lorsqu'il séjournait à Veracruz, Pierrick consacrait la majeure partie de son temps à sa femme. Hormis quelques affaires qui ne patientaient pas, il estimait qu'une fois rentré à la maison - luxe fugace, le quotidien de Véra devait s'apparenter à un feu de Bengale conjugal. Revenu de New York, Londres ou Singapour, il débouclait en vitesse ses bagages les débarrassaient de surprises diverses et les cachaient avec malice un peu partout dans les recoins de la maison. Véra n'avait jamais le temps de désirer ou réclamer tel ou tel cadeau que déjà il était plié, emballé et offert devant elle, glissé entre les oreillers. À peine avait-elle le temps de dire merci, la suite arrivait. Elle ne s'en lassait pas. Rien ne sonnait faux : il avait envie de faire plaisir, il en avait les revenus, où pouvait se loger le vice ? 
Rien ne pressait. Ils avaient pris le temps avant de signer leur mariage. Très conservatrice, la famille Pierrick appelait vivement à l'union ; la mère de Véra, catholique, ne désapprouvait pas cet appel insistant. Résistants aux sirènes, le navire vogua, tant et si bien que lorsqu'ils débarquèrent l'idée d'avoir un enfant leur était venue. Il était grand temps de rentrer dans l'ordre. Le mariage s'imposait. L'enfant suivrait logiquement : il fallait un minimum de calculs. 
Choses et autres. Veracruz débordait de superflu : sous ce cube blanc, épaisse carapace pour un matérialisme triomphant, se juxtaposait (exemples pris au hasard) Maserati Grancabrio au sous sol, mobilier Pierre Paulin au premier, toile de Lucian Freud au second. Le paradis s'appelait Eden ; à vrai dire, il aurait été de bon ton de le rebaptiser Veracruz. Une fille allait naître et s'ouvrait devant elle un avenir où matériellement au moins, rien ne manquerait. Véra prenait le temps d'installer la nouvelle chambre. Elle avait choisi de jolies couleurs, douces et toutes en harmonie les unes avec les autres. C'était un mélange audacieux de fleurs et de formes géométriques qui conjuguait le style classique et moderne à la fois. Elle avait un don pour cela : arranger les choses. Elle avait des restes d'avant, des essayages et du stylisme. 
Boomerang. J'ai tout dans la tête et pas de tatouages sur la peau. Je peux frotter et gratter de l'ongle : c'est là. Je me souviens de tout. Et tous les jours, les images toquent à la porte. Mon coeur est sec mais bat encore. Pourquoi il continue ? Est-ce que le soleil peut sécher le corps et le brûler à petit feu ? La vie s'est arrêtée : je ne peux pas réparer de la mort. 
Une mazurka vivante. Gloria est née à la mi août avec un miaulement de petit chat. Véra miniaturisée. Véra sublimée, c'était encore possible. Gloria incarnait une sorte de syncrétisme, associant cette sociabilité mêlée de réserve caractéristique de Véra, tout autant que le sourire permanent et l'impétuosité de Pierrick. Très vite Véra eut l'intuition que la petite tirerait fortune de son corps. Malgré le jeune âge, on devinait déjà en regardant sa silhouette, l'évidence d'un corps aux formes rares. Sous l'implacable lumière du soleil, lorsqu'elle déambulait le long de la piscine, elle ressemblait anorexiquement à un Giacometti de métal. Le père un peu surpris, s'était finalement rangé à l'idée : elle intègrerait le ballet classique. Véra et Pierrick avait pris le temps pour mettre Gloria entre eux ; son arrivée n'en avait que plus d'importance. Désirée à point, cette enfant leur offrait le spectacle dansant d'une vie nouvelle. 
Frapper fort. Il avait probablement perdu le contrôle. Cela allait tellement vite ces voitures ; et en un rien de temps. Ce qui était difficile c'était d'imaginer tous ces scénarios et ne pas connaître le seul : le vrai. Elle était contrainte de ressasser en boucle, à l'endroit, à l'envers, en y mettant des noeuds, des évènements sur lesquels elle n'avait aucune prise et qu'on lui avait rapporté froidement un soir d'automne. Elle les attendait. La soirée d'anniversaire était prête. Le jardin était éclairé de lampions colorés. Angela avait dressé plusieurs petites tables sur lesquelles verres et gourmandises salées se répartissaient harmonieusement en préalable au gâteau qui suivrait. Eux ne sont jamais venus. Le triangle parfait éclatait : deux côtés disparaissait. 
Ils s'étaient construit un cocoon protégé de petites herses. Elle allait à présent régler l'addition de cette douce réclusion passée et demeurer isolée dans ce piège. Dans les premières heures suivant l'annonce, elle s'était mise à hurler contre l'injustice de la mort. Effondrée sur le sol, elle beuglait, les paumes plantée dans le sol et le visage inondé de larmes. Immonde spectacle. Répandue à terre, elle gesticulait et tentait en vain de se battre contre la mort dans une lutte dérisoire, comme si c'était possible. Dans un jeu virtuel d'intimidation, elle, si belle, était devenue monstrueuse. De rage, la bave s'échappait de sa bouche devenue béante afin que la respiration, entravée par les sanglots se fasse. 
Autour, on l'avait aidée et encouragée à reprendre la route. Après la crise, elle s'était enterrée vivante dans le tombeau de Veracruz qu'elle ne quittait presque plus. Elle avait trouvé nouveau refuge dans le silence, se rangeant à l'idée qu'il était finalement inutile de vociférer et de se martyriser pour "payer un prix". 
Dans la cervelle. Personne n'avait particulièrement exploré la question. Aucun spécialiste n'avait discuté du choc psychologique reçu ce soir là. Il n'était pas à discuter. Ce qui l'était davantage était le niveau de tolérance ou plus exactement l'intolérance du cerveau à un tel affect. Pour Véra, l'aversion de la réalité avait pris la forme d'une négation complète des faits et d'une confusion du présent avec un retour à l'époque de la naissance de Gloria. Les rares fois où elle quittait Veracruz, c'était pour rejoindre la ville à pied promenant une poussette vide comme un fantôme aurait suivi un parcours imposé. Certains soirs, elle se faisait proue de navire face à la mer, et montée sur les rochers qui surplombent la plage, elle attendait des heures un improbable marin qui ne rentrerait jamais. 
Le malheur des autres. Tous autour récupérèrent les miettes. Ils pleuraient le sort de la malheureuse, mais la justice passait : lui et ses grosses cylindrées ! On devait avoir une conscience pour conduire des bolides pareils ! Et avec une gamine à bord ! Les riches payaient. C'était logique. Les choses rentraient dans un ordre. 
Véra avait fini par retrouver un modeste équilibre. Grâce à sa mère pour partie qui était venue lui remettre le pied à l'étrier en s'installant de longs mois à Veracruz. Elle avait secrètement oeuvré comme le peut une mère qui se voit perdre son enfant. Elle avait du lui parler comme on susurre à l'enfant, tête blottie contre son coeur et la main caressant les cheveux. Elle l'avait nourrie avec les bouillies qui ressuscitent les morts vivants. Elle l'avait tenue du bout des doigts pour lui réapprendre à poser un pied devant l'autre. Elle l'avait essuyée au chiffon doux, peignée, coupée bien net. Elle, avait gardé son bébé. Puis elle était partie avec le sens du devoir accompli.
L'été se trainait (bis). La répétition des journées se poursuivaient : se lever, manger, se laver, lire, se baigner, manger, se baigner, lire, dormir... enfin, si possible. Malgré l'irréductible ennui, paradoxalement l'espace disponible pour les pensées négatives lui, c'était rétrécit. Bien sûr le souvenir de Gloria, de Pierrick et l'accident revenait plusieurs fois par jour à sa conscience. Sans qu'il n'y paraisse son corps était arraché d'un morceau de chair, mais néanmoins elle avait gagné contre l'aigreur, la méchanceté et la bêtise dans lesquelles elle aurait aisément pu verser. Véra vivait au jour le jour et c'était d'autant plus facile qu'elle n'attendait plus rien de l'avenir. Allongée sur la margelle de la piscine, elle se laissait bercer en regardant le fauteuil-Quasar Khanh flotter au ras de l'eau. Au fond, elle lui ressemblait et dérivait au gré du vent sans destinée précise. 
Angela, apportez-moi... Depuis l'époque des défilés, Véra avait continué de consommer plus ou moins et avec intermittence les alcools mélangés. L'après midi touchait à sa fin, mais l'employée avait le temps de préparer un dernier drink. Elle soignait toujours l'affaire, choisissant le bon verre, l'agrémentant de paille et de fruits. Véra souriait à ce luxe qui arrivait sur plateau et le sirotait dans son fauteuil flottant. Puis Veracruz se vidait du personnel. Véra aimait ça, passer les dernières heures du jour seule jusqu'au coucher du soleil et du sien. Elle termina le verre, croqua l'olive au bout du pic et le fit jouer entre ses doigts. Les lumières du jardin s'éclairèrent avec la nuit qui venait. Véra reposa son bras et le verre sur l'accoudoir. Imperceptible un bruit de pincement se fit entendre. Calée contre l'air sous plastique, légèrement ivre et ballotée par la houle, elle s'endormit. 
Police de nuit. Les voisins ont sonné le tocsin. Véra s'était noyée. Un accident. Pas un suicide, malgré "le dossier". Le fauteuil gonflable s'était crevé et comble de la malchance la victime était alcoolisée. Véra s'était retrouvée prisonnière du vinyle, étouffée par la matière plastique qui l'avait engloutie tandis que l'eau s'était engouffré dans les poumons. Le commissaire chargé de l'enquête avait donné les ordres ; on l'avait libérée des eaux. Étendue sur la terrasse elle ressemblait à une poupée géante que l'on aurait emballée dans du papier cristal. Même morte, elle gardait cette beauté absolue qu'elle avait toujours eue. Sans rancune, elle s'offrait en paquet cadeau à la mort.
Adieu Véra. Adieu Veracruz. Il n'y aura plus personne à attendre. 

Peinture Christie Asai, Sans titre, Huile sur toile.

19 août 2012

Coeurs et Cornes


Un régal de marmiton : la tomate de Marmande. 
"De pleine terre" : on oublierait presque qu'une tomate pousse (et de 1) l'été ; et de 2, dans la terre.
Du steak végétal : charnu, juteux ; rouge virant à l'orange sanguine, à point et parfaitement crues ! 
Une orgie, le temps d'une saison.

12 août 2012

Haro sur la Bovary !

Pour situer nous sommes à la page 70.
Magazine : Glamour ; échoué sur un siège de TGV. C'est triste ? Non, ça en dit long sur le contenu : feuilleté/balancé.
Pourquoi celui de septembre ? Ne m'en demandez pas trop. Je reste factuelle : celui de septembre. 2012.
Le dossier, si j'ose dire s'intitule "L'amour Duracell"; sous titre : Les secrets pour que ça dure (plus de 6 mois) fermez la parenthèse.
Alléchant !
Moi : Ironique !
Ce n'est pas tout : je reprends la coupure de presse, je tiens à être précise ! Page 70, disais-je, Audrey Diwan, journaliste à Glamour nous dit tout et en particulier comment "FAIRE DE LA VIE UN KINDER SURPRISE". Ouh la la la la ! Ça, ma grande Audrey, je commence à AdOrer ! Nan, mais faut la pondre (oui, elle est facile) une tournure pareille ! Une semaine et je m'en remets toujours pas ! Qu'est-ce qu'on peut lire comme *#/%-biiippp-/*#% quand même ! La Miss Diwan, elle mange grâce à ça ! Plus elle en invente des grosses et mieux ça passe.
Alors je poursuis : dans le même gros dossier, bien solide, bien costaud - du job de pro m'sieurs, dames, la nana qui a bossé te le prouve et te balance comme ça au milieu de ce salmigondis de règles d'or du couple-Duracell, qu'il est hors de question de finir (je résume l'idée) comme la pauvre tâche de BOVARY !
Nom d'une pipe ! J'vais m'la faire cette fois cette petite *#/%-biiippp-/*#% de journaliste de *#/%-biiippp-/*#% !
Nan mais un peu de respect :
Et de 1 : Laisse la règle d'or à François Hollande ;
2 : Laisse à Duracell l'énergie et garde la tienne pour canaliser ta connerie ;
3 : Quand tu auras 2 minutes relis tes classiques et tire 2 ou 3 leçons de respect pour les génies de la littérature française.
4 : Si tu tombes sur mon blog et que tu as besoin d'un nègre, sans rancune...

08 août 2012

Happy Day

Le revoilà ce mois d'août ! 
Août qui file à mon Blog-Adoré une strate de pages supplémentaire, un peu de poussière - que je retire au plumeau, mais pas encore de cheveux blancs.
Sept ans de publication avec, malgré les vaches maigres, un message par mois a minima
Mon B-A, je le bichonne, le shampouine puis le lustre : je lui ai soigné son habillage, sobre et "recta", il n'a pas pris une ride (fallait-il encore penser à s'inspirer des Wiener Werkstatte). Je lui choisi les plus belles images... et c'est un métier ! Enfin, je pense et réfléchis beaucoup, avant de trier LA pensée, l'élue qui va échouer ad vitam eternam sur la toile, exposée aux yeux de tous... ou de personne. 
Erreur. Car il y a MOI, toujours enthousiaste lorsque je retombe sur un petit mot ; parfois charmée à la relecture. Et puis il y a Eux, les rares, fidèles (pour certains) lecteurs qui se reconnaissent. C'est pas la grande foule et pourtant avec ce BLOG, j'ai mon luxe à moi. La crème des crèmes, la chantilly sur les fraises, la cerise sur le gâteau... d'anniversaire : JOYEUX ANNIVERSAIRE MON BLOG

29 juillet 2012

(John Singer) Sargent Pepper

Carnation Lily Lily Rose*

L'été, les moustiques, les grillades, le taboulé et ses POIVRONS.
L'été, c'est la saison des enfants.
Le mois de juillet, celui des chaleurs, du droit à la veillée après le souper et de la dernière cigale qui indique l'heure du coucher !
Comment c'était déjà d'être enfant ?
Et qu'est-ce que l'on perçoit de tout "ça" quand on est "petit" ?
Qu'est-ce que l'on perçoit du monde des "grands" ? De ces grandes tablées nocturnes ponctuées de bouteilles vides, des conversations à bâtons rompus et des rires gras de Grand-Papa ?
Peu. Rien.
R.
I.
E.
N.
RIEN. On en perçoit rien, car la plupart du temps, les règles des adultes sont opaques aux petits.
Les adultes parlent FORT.
Les adultes disent NON, n'expliquent pas.
Les adultes interdisent pour éviter parfois de se remettre en cause EUX parce que ça leur fait mal, alors sans que cela se voit, ils abîment leur petit : tac ! coup de couteau dans le ventre et garde le venin bien profond que ça te suçote le foie pour longtemps.

Il y a des enfants sages (la majorité ?) et peut-être des "terribles" comme disait Cocteau. Les enfants "inadaptés" au "monde des enfants", ceux dont on dit qu'ils ne "sont pas dans le moule" (Téfal), sont à mes yeux les plus BRILLANTS, sans aucun doute aussi les plus difficiles à cerner. Mais le jeu vaut toutes les chandelles : nous parlons de génie.

Quand j'étais petite, je n'étais intéressée par RIEN.
Les lectures de jeunesse par exemple, je les trouvais idiotes et ne lisais pas. Rapidement le diagnostic s'est imposé via  ma mère : je détestais lire. Quand j'ai découvert Molière, Camus, Flaubert, j'ai eu un choc ! C'était à 15 ans. Dans l'intervalle, combien de fois n'ai-je pas entendu : "tu ne lis jamais, c'est pas bien... " ; voire la petite variante : "fais comme ta soeur, prends un livre" ! Bien des paroles superflues, en regard du constat suivant : plus littéraire que LGF, tu meurs.

Quand je suis tombée sur ce tableau de John Singer Sargent, j'ai immédiatement eu envie de le joindre à mon blog. Je ne sais jamais à l'avance ce que vont devenir les images que je pique sur Internet, mais il va de soi que ces petites filles renvoient à une certaine idée de l'enfance-innocence que nous autres avons perdu en devenant adultes.
Chacun s'est déjà fait en parcourant ce blog, une idée de mon tempérament mélancolique. La tournure du message ne pouvait donc être tout à fait autre !
J'aimerais pour finir parler d'une dernière chose.
Ma mère rappelle souvent que mon grand-père, Fernand, disait à peu près la chose suivante : les enfants ont leur monde à eux. Parole simple. Cela me fait penser à leurs dessins. Aux dessins d'enfants, qu'ils sont les seuls à comprendre ; les seuls à dessiner de la sorte et aucun adulte n'a jamais réussit à reproduire le "je ne sais quoi-d'insaisissable" contenu dans le dessin d'un enfant (vaine quête de Picasso). C'est simple, simple comme cette conclusion : prenez soin de l'enfant, emballez-le dans du papier bulles : FRAGILE.

* 1885-1886, 174x154,8 cm, Tate Gallery, Londres

23 juillet 2012

Outrance

Vue cent fois et jamais fixé qu'ils l'avaient nommé favela.
 Mauvais goût, d'autant qu'il s'agit d'un "repose-séants" : à croire que les frères Campana (qui l'ont dessiné) s'assoient sur tout ça... 
... Favela en tête, la mise en déco ci dessus devient d'autant plus nauséeuse. Faut-il se réjouir du choc des contrastes ? ils disent :
- Vous comprenez, il faut jouer le décaaâlaaaâaage ; le Baroque s'accomode de l'avant garde, le strass convole avec le diamant ! La règle c'est qu'il n'y a plus de règles !
Alors voilà, on se retrouve avec : 
- un fauteuil hors de prix, 
- un fauteuil nommé "bidonville" 
- un salon Rococo-rico fort luxueux
- et des décorateurs d'intérieurs fous (c'est un pléonasme ?).

On l'aura compris le mélange ne ressemble pas au smoothie préféré de LGF, qui de toute évidence s'acharne (y compris pendant les vacances) à couper les cheveux en quatre... 
Sa conscience devrait lui conseiller d'urgence de changer de support : de laisser tomber les cheveux pour le bois. Un fauteuil en bûchettes c'est carrément plus rentable qu'un blog et ça représente une belle occasion de sortir... du bois.
message inspiré par cet ouvrage
éditions Pyramid

20 juin 2012

Ripolinez l'Art !


Au tout début de la rue Croulebarbe, il y a un grand mur.
Les "Artistes de la rue" repèrent les murs.
Pas mal de fois que Miss-Tic y a "poché" ses chouettes nanas.
À tous les coups c'est pareil : la Mairie du 13ème envoie sa petite équipe de karchériseurs pour nickéliser le mur. Sont marrants dans leurs pétrolettes avec leurs p'tits pinceaux. D'autres artistes !
Du bon boulot ils en font : ils remettent tout à nu... Et Miss-Tic revient.

Finie la clandestine. Miss-Tic est devenue une sacrée artiste (une artiste sacrée). Elle est évidemment reçue ici et là dans les médias (ouh ! que c'est prestigieux ça !), est accrochée dans les galeries... mais elle poche toujours et reste rebelle. Quand on se promène dans les rues de Paris on tombe encore sur ses jolies brunettes déjantées et toutes en jambes.
Delanoë a beau aimer l'Art, elles ne manqueront pas d'être encore et encore recouvertes de blanc ces pépées. Un brin de couleur dans nos vies/villes ? Il faudra s'accommoder du blanco, du bien lisse, du bien tout uniforme, du bien tout pareil, du bien tout qui ne choque pas, car c'est bien connu : "rouge sur blanc tout fout l'camp"...
Trêve d'humour (plus que) douteux, "on" parle désormais d'Art de rue afin de catégoriser un peu les choses, mais un esprit logique (!) est quand même en droit de se demander dans quel "cadre" il peut donc librement s'exprimer ?
L'Art de rue n'est pas franchement prêt d'être un art de vivre en ville...